Il est donc impératif de bousculer le gouvernement par des actions répétées et massives.
Notre échéance : le 25 février pour une grève unitaire dans le cadre des actions académiques décidées par le SNES sur la période des vacances.
Des contacts entre organisations syndicales permettent d’envisager une grande action public - privé le 10 mars.
Ce gouvernement s’affole, mais il ne renonce pas ! La preuve, l’adoption des articles sur le socle commun.
Extraits des articles votés le 17 février par l’Assemblée
« La scolarité obligatoire doit garantir au moins l’acquisition par chaque élève d’un socle commun constitué d’un ensemble de connaissances et de compétences qu’il est indispensable de maîtriser pour poursuivre sa scolarité, conduire sa vie personnelle professionnelle et sa vie de citoyen. Ce socle comprendra les champs suivants :
– la maîtrise de la langue française
– la maîtrise des principaux éléments de mathématiques
– une culture humaniste et scientifique permettant l’exercice libre de la citoyenneté
– la pratique d’au moins une langue vivante étrangère
– la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication.
« La scolarité obligatoire doit d’autre part permettre à chacun de trouver sa voie de réussite. Pour cela des enseignements complémentaires viennent compléter au socle commun."
Chacun peut vérifier l’exactitude de nos analyses et les dangers de poser ce socle comme ambition pour la fin de troisième, sans obligation de résultats.
Quant aux contorsions du ministre pour expliquer son texte (voir ci-dessous), la première phrase montre clairement qu’il se moque du monde, tout en réduisant ensuite les objectifs fixés à l’école ! En gommant les disciplines, la spécificité des matières, il résume la transmission des savoirs à l’acquisition d’une vague boîte à outils (« compétence qui structure l’ensemble des apprentissages ») dont l’utilisation pour certains est repoussée au-delà de leur scolarisation.
Explications du ministère :
"La scolarité obligatoire recouvre l’ensemble des programmes, y compris ceux qui sont en option. Au sein de cette scolarité obligatoire, il y a un certain nombre d’éléments qu’il faut à tout prix transmettre à tous les élèves. Le socle commun ne distingue pas ce qui est obligatoire de ce qui serait facultatif, mais le fondamental du dérivé, non pas pour se priver de ce dernier, mais pour lui donner du sens. Alors que les programmes actuels ne hiérarchisent pas ce qui est enseigné, l’identification du socle permettrait aux élèves de découvrir, par-delà la séparation des disciplines et la diversité des approches, ce qui justifie l’étude d’une matière ou l’acquisition d’une compétence et qui structure l’ensemble des apprentissages. Le socle est aussi le moyen de passer ultérieurement de ce savoir commun à une culture commune, condition nécessaire d’une vie sociale réussie. Aucune matière n’est abandonnée, les programmes ne changent pas, mais nous voulons nous battre pour que les élèves maîtrisent tous les éléments du socle. »
Tout serait -presque- rassurant, donc, si le ministre dans son courrier aux recteurs n’ajoutait « l’acquisition du socle sera validé par un diplôme...pris en compte dans le processus d’orientation au lycée... » et que ceux qui n’auraient pas acquis le « socle » « se verront délivrer des certifications....
La loi a finalement été votée le 19 février par l’Assemblée et doit être présentée au Sénat. Le texte suivant définit les objectifs de l’EN :
« la formation scolaire doit, sous l’autorité des enseignants et avec l’appui des parents, permettre à chaque élève de réaliser le travail nécessaire tant à la mise en valeur de ses qualités personnelles et de ses aptitudes aussi bien intellectuelles que manuelles qu’à l’acquisition des connaissances et de la culture générale et technique ainsi qu’à la pratique d’activités sportives et artistiques qui seront utiles à la construction de sa personnalité, à son épanouissement, à sa vie de citoyen et à la préparation de son parcours professionnel. »
Tout semble y être, les amendements ayant permis de rétablir la mention des activités sportives et artistiques. Pourtant cela ne permet pas de lever les inquiétudes sur les missions de l’école. Les connaissances passent après la notion d’épanouissement personnel, notion que nul ne saurait rejeter, mais dont on sait que la définition est largement orientée par les pesanteurs sociales.
Pour le reste :
– recul sur le bac (caractère national affirmé et retrait du projet de 6 épreuves jugées) mais la notion de contrôle continu figure désormais dans la loi. Recul sur les SES et sur les LV.
– Maintien de la sélection sociale : multiplication des bourses au mérite, environ 1000 € (ils auront eu leur chance), possibilité de « passages réciproque entre l’apprentissage et le système scolaire », quintuplement des classes relais, note de vie scolaire au brevet.
– Atteinte au service public : ce sont les maires qui détermineront la carte scolaire du premier degré, et les collectivités locales seront associées à l’établissement des programmes personnels de réussite scolaire (ex-CIRE)
– Des promesses qui n’engagent à rien, puisque déjà faites, elles n’ont pas été budgétisées : une infirmière par établissement, ou la formation continue des enseignants. Notons qu’elle n’est plus seulement un droit, mais un devoir, et qu’elle se limite à 20 h, sur présentation d’un projet.
Ce premier relevé est fait à partir des dépêches de l’AEF. Rien n’est dit sur la caporalisation des personnels, hormis l’obligation du remplacement à l’interne. Pas d’information sur le conseil pédagogique.
En l’état, ce texte reste inacceptable. Il faut poursuivre la mobilisation, en faisant le lien entre les suppressions de postes de 2005. Les quelques mesures prises représentent des moyens, or l’objectif demeure, réduire la dépense publique, et les indications financières sont sommaires. La solution pour le gouvernement passe donc par les suppressions massives de postes, les économies sur les options, les effectifs, voire les établissements
Le gouvernement annonce le gel de 280 millions pour l’enseignement scolaire sur le budget 2005 ! Combien de tâches encore non payées ?