28 janvier 2023

Le Snes-FSU dans l’Académie

Texte action voté à Marcq par la CAA du SNES-FSU le 27 janvier 2023

Retraites, réforme du collège, situation des lycées, DGH 2023, prime rep/rep+ AED et AESH ...

CONTEXTE
Les grèves et manifestations massives du 19 et la remontée des luttes qui les accompagnent pourraient ouvrir une nouvelle période si cette remontée se poursuit. Si la réforme des retraites est pour beaucoup dans la force de ces mobilisations, elle n’en est pas la seule cause. De multiples raisons d’être en colère pour la profession existent et elles se sont agglomérées sur la journée du 19 : inflation, salaires, qui stagnent, la détérioration continuelle de nos conditions de travail, les attaques contre nos métiers : le pacte, la suppression de la technologie en 6e, les suppressions de postes...
Pour nos collègues, la coupe est pleine ! Il faut espérer que les grèves et les manifestations du 31 soient au moins aussi réussies.
Dans l’Éducation, la réussite de la grève du 31 janvier revêt un enjeu particulier, compte-tenu du calendrier (vacances par zones), et des enjeux multiples qui sous-tendent la mobilisation en cours sur les retraites : les suppressions de postes ; la pseudo-réforme du collège et sa primarisation, engagée à la hussarde par communiqué de presse avec la suppression de la technologie en 6e ; les menaces qui pèsent sur nos métiers et le statut du 2d degré avec le "Pacte" ; le déclassement salarial qui risque d’être pérennisé.
Autant de facteurs qui attisent la colère de nos collègues et qui peuvent alimenter dans la durée le mouvement social.

EDUCATION
Collège

Les dernières déclarations ministérielles concernant la rentrée dans les collèges (suppression de la technologie et heure de remédiation obligatoire en français et en mathématiques en 6e, et retour aux savoirs fondamentaux), nous éclairent sur les objectifs de cette politique éducative, à l’aune de l’ambition émancipatrice que nous portons pour nos élèves.
Cette année, le ministre Pap Ndiaye demande aux rectorats, sans aucune gêne et sans aucune raison pédagogique, de supprimer une discipline en classe de 6e. Nous parlons ici de la suppression honteuse et scandaleuse de la technologie. Un nouveau cap est franchi dans le mépris affiché contre les personnels depuis 6 ans. Le ministre et tous ceux qui, depuis 15 jours, distillent des informations ou des injonctions, en dehors de tout cadre réglementaire, pour rayer d’un trait de crayon des personnels et leur travail auprès des élèves, seront responsables de la souffrance des collègues de technologie, et seront à l’origine des effets néfastes sur leur vie et leur santé. Aucun fondement pédagogique ne justifie cette suppression, si ce n’est un choix arbitraire et purement économique parce que l’institution refuse d’investir dans l’éducation à la hauteur des besoins des élèves et des établissements.
Le Snes-FSU appelle à dénoncer cet oukase dans les conseils d’administration et à voter contre toutes les propositions de répartitions de DGH qui ne respecteraient pas les horaires réglementaires actuels des enseignements obligatoires.

Lycée
La réforme du lycée continue de dégrader la situation, notamment à cause de la marge d’autonomie, du non financement des spécialités et des options, et de la mise en concurrence des disciplines. La baisse du temps d’apprentissage et le sentiment de perte de sens du métier, combinés aux effets délétère du contrôle continu provoquent la colère chez les enseignants en lycée. Les dotations "lycées" ont été dévoilées par les chefs d’établissements seulement hier soir ou ce matin, suite au CSA du 26 janvier. Cette information tardive des personnels, notamment des élu.es en CA, alimente la colère ressentie face à la perte parfois importante (- 156 ETP avec HSA et - 131 ETP hors HSA) de moyens en lycée, en dépit d’une démographie qui ne baisse pas. La politique est visiblement d’imposer aux lycées des choix cornéliens entre le maintien d’horaires dédoublés, ou d’effectifs "allégés" (c’est-à-dire moins de 35 ou 36 élèves par classe ...), ou d’options, ou de spécialités parfois à faibles effectifs mais qui permettent au moins une offre diversifiée. La gestion du mouvement intra-académique s’annonce à nouveau complexe : de nombreuses mesures de carte scolaire sont à craindre, avec peu d’opportunités de retrouver un poste dans un autre lycée pour ceux et celles qui le souhaiteront.
La voie technologique risque d’à nouveau payer le prix fort de cette perte de moyens, notamment à cause des nombreuses suppressions de STS ou leur passage de section complète à demi-section, ce qui entraîne une perte d’heures souvent très importante pour l’établissement (dotation à la structure) et plus particulièrement pour les collègues de disciplines technologiques. Dans le contexte d’annonces de manque cruel de professionnels qui pourraient être issus de ces formations, la politique de casse de cette voie n’en est que plus inique.
Il y a urgence à revaloriser les formations en BTS dans un objectif de démocratisation des formations technologiques, cela implique une remise à plat qui interroge notamment les dispositifs de sélection, les moyens mis en œuvre pour favoriser la réussite des élèves issus de séries professionnelles, la question de l’alternance au sein de BTS public. Le SNES FSU doit s’emparer au plus vite de cette question pour ne pas laisser des établissements privés sous contrats ou non ouvrir de telles formations en alternance se multiplier, menaçant la pérennité des formations de STS dans le public.
Il est probable qu’en STMG la problématique soit différente au vu des flux inédits vers cette section dans l’académie de Lille l’an dernier en première, dont la cohorte montera en terminale cette année, mais l’insuffisance du vivier de professeur.es, titulaires ou contractuel.les, en éco-gestion n’est pas en passe d’être réglée au vu des inscriptions et places aux concours.
La maltraitance des collègues en lycée, dans un contexte global anxiogène accentué par la structure du lycée à la carte créé par la réforme de 2018 et le manque de moyens, est encore plus perceptible en cette période d’inscriptions sur Parcoursup et d’information à l’orientation pour des professeurs principaux qui ne savent que trop bien depuis 3 ans que l’opacité du système et le manque de places dans le supérieur (surtout dans les formations publiques !) condamnent nombre de leurs élèves à une déception amère et un avenir non-choisi, et entretient un climat de compétition et de classement permanent. La charge des professeurs principaux a également été accentué par la mise en oeuvre de Parcoursup et le travail d’orientation que l’institution essaie de leur imposer (comme en collège) pour compenser le manque cruel de Psy-EN.
Les dates d’épreuves de spécialités (en mars) mettent la pression sur les collègues y enseignant : plus qu’un mois hors-vacances scolaires pour préparer. Malgré les avertissements de la profession via le SNES-FSU national sur l’absurdité de ces dates, le ministère s’enferre dans ce fonctionnement sous prétexte de mise en lien avec Parcoursup. Le SNES-FSU revendique des programmes ambitieux et des épreuves exigeantes : l’organisation actuelle du bac est un obstacle dans les deux cas.
Plus que jamais le mandat du SNES FSU de retour à des séries cohérentes et également attractives au lycée doit être réaffirmé.
Le SNES-FSU de Lille a eu confirmation le 24 janvier lors du premier CSA-SRA que la continuité d’études des étudiants de BTS en licence professionnelle dans le cadre du BUT impliquera une reconnaissance locale (par IUT, ceux du Nord-Pas-de-Calais semblant s’être mis d’accord sur ce point) des acquis d’un étudiant, qui sera fortement "incité" (lire "contraint") à rejoindre l’IUT en 2e année et non en 3e année comme auparavant. Gageons que l’obtention d’un bac + 3 en 4 ans ne sera que modérément incitante à élever son niveau de diplôme pour l’étudiant lambda de BTS.
Le processus d’orientation des bacheliers doit être revu avec la suppression de Parcoursup, un retour à une connaissance des affectations dans le supérieur dès l’été, afin que les démarches de réorientation des déçus de l’IUT vers les places de BTS vacantes puisse avoir lieu dès fin septembre si nécessaire.

ACTION
- Le 31 janvier : l’objectif est bien de frappe fort une 2e fois pour obtenir le retrait pur et simple de la réforme, et pour créer les conditions de la poursuite du mouvement, y compris en recourant à la reconduction de la grève si les collègues la décident et à toute autre forme d’action.
La date du 31 doit servir à poser cette perspective afin d’entrer dans un rapport de force rapide avec le gouvernement.
 la poursuite de la mobilisation passe dans notre champ par l’articulation des questions retraites aux questions conditions de travail, salaires et métier. Au-delà des retraites, c’est la question du travail dans les établissements qui est posée, au moment où le gouvernement entend refuser la revalorisation générale et prépare le Pacte, entend continuer à transformer profondément nos métiers : réforme du collège, pérennisation de la réforme du lycée.
 Le Snes-FSU continuera à armer les collègues dans les CA pour dénoncer les retraits de moyens, pour dénoncer la mise en place de l’heure de soutien/approfondissement en 6e, et l’éviction de la technologie des enseignements dispensés à ce niveau. Il informera sur les dangers de la primarisation du collège qui est ainsi engagée via l’entrée possible des enseignants polyvalents dans le second degré.
 Le Snes-FSU rendra publique l’impossibilité pour les rectorats de payer les indemnités REP/REP+ aux AED et aux AESH dès le mois de janvier. Ce retard est inacceptable compte-tenu de la précarité dont souffrent nos collègues, et inexcusable quand on sait que la prime était budgété depuis plusieurs mois.

Motion retraité.e.s
Avec les actifs, les retraités s’opposent à la réforme des retraites et ils seront aux côtés des salariés pour empêcher le recul de l’âge de départ à 64 ans et l’allongement de la durée de cotisations.
La propagande gouvernementale voudrait nous faire croire que sans la réforme des retraites « les retraités auront demain un pouvoir d’achat affaibli ». Mais c’est déjà le cas du fait de la politique menée par le gouvernement : entre 2017 et 2021 les pertes cumulées représentent pour les retraités l’équivalent de 1,8 mois de pension et, pour 60% d’entre eux l’équivalent de 2,5 mois de pension…A cause, notamment, de l’augmentation de 25 % de la CSG. Ils exigent la réindexation des pensions sur l’évolution des salaires.
De même en cherchant à faire main basse sur la gestion des cotisations de retraite complémentaire (AGIRC ARRCO), le gouvernement ouvre la voie à la captation de ces milliards par l’État qui les utilisera comme il l’entend.
Le gouvernement laisse entendre que la réforme permettra d’améliorer les petites retraites qui seraient revalorisées à 1200 € brut. C’est à peine au-dessus du seuil de pauvreté (1128€). Mais cette revalorisation est conditionnée à des critères que nombre de futurs retraités ne rempliront pas.
TEXTE ADOPTÉ À L’UNANIMITÉ