Rapport TPE
Proposition pour envoi au SNES, au rectorat et au ministère
Faisant fi de l’opinion majoritaire des enseignants, le ministère annonce dans le B.O. du jeudi 09 mai sa décision de généraliser les TPE en terminale à la rentrée 2002. Tous les élèves de terminale des séries générales devront donc réaliser un TPE l’an prochain. Cependant, ils pourront choisir de le faire évaluer ou non pour le baccalauréat, auquel cas les points au dessus de la moyenne seraient affectés du coefficient 2 !
Conscient malgré tout des difficultés locales de mise en oeuvre, le ministère donne latitude d’adopter un régime transitoire aux « établissements qui, notamment pour des raisons matérielles, seraient, pour l’année 2002-2003, dans l’impossibilité de procéder à cette généralisation. »
Il convient donc, en assemblée générale, d’évaluer les conditions de mise en oeuvre des TPE au sein de l’établissement et de débattre des conditions d’application d’une éventuelle généralisation en terminale.
Voici quelques éléments ressortis des débats de l’an passé et qu’il convient de compléter par le débat :
Les TPE n’ont été réalisés qu’en classe de première durant l’année 2001-2002 au lycée Paul Hazard. Comme l’année précedente, ils ont présenté un certain nombre de points positifs :
– Contact renouvelé et intéressant avec les élèves
– Découverte de nouveaux champs de savoir peu accessibles jusque là
– Mise en liaison de plusieurs disciplines pour les élèves : peut donner un sens supplémentaire à l’enseignement chez certains élèves (surtout les bons !!)
Cependant, les problèmes évoqués l’an passé s’avèrent également toujours présents :
– les problèmes matériels nuisent ainsi à la réalisation satisfaisante des TPE : problème d’accessibilité des salles, de disponibilité des personnels, pauvreté des fonds de bibliothèque et de CDI (Internet ne résout pas tout !!). On peut penser que la généralisation des TPE en terminale avec un chevauchement inévitable en première et terminale durant les mois de janvier à mars rendront ces problèmes matériels insolubles au sein de notre établissement.
– Ces problèmes matériels cachent également des problèmes plus graves :
1)pauvreté des modes de réflexion, élèves démunis face à la complexité des connaissances réclamées par certains sujets (en sciences notamment) et face à la pauvreté ou l’avalanche des documents.
2)pauvreté des modes d’expression : tout est autorisé mais combien sont vraiment capables de réellement s’exprimer sans guide... De plus, c’est une invitation à privilégier la forme au fonds, ce qui remet en cause le contenu disciplinaire de nos enseignements.
3)accroissement des inégalités que l’on était censé combler par les TPE. Seuls les bons élèves sont vraiment capables de mener un travail de recherche et de l’exprimer dans les formes. De plus, les élèves de milieu modeste peu formés aux nouvelles technologies et ne possédant pas de matériel informatique sont défavorisés.
La généralisation en terminale risque d’apporter de nouveaux problèmes :
– Problèmes matériels insolubles
– Difficulté pédagogique de mise en oeuvre alors que les élèves doivent déjà se mobiliser pour le baccalauréat. Surcharge de travail pour des élèves déjà très sollicités en cette année d’examen. Cela risque une fois encore de nuire fortement aux élèves déjà en difficulté.
– Difficulté pour les enseignants d’avoir des exigences fortes et de motiver des élèves qui ne choisissent pas les TPE au BAC.
– Un travail supplémentaire pour les enseignants qui sont déjà fortement mobilisés (bac blancs, copies, programmations lourdes, etc.) avec les classes de terminale. De plus, les emplois du temps risquent d’être encore plus « éclatés » qu’ils ne le sont déjà et l’on peut se demander si l’on ne se dirige pas toujours davantage vers une annualisation innacceptable de nos services.
– L’évaluation de ces TPE n’est que peu abordée dans le B.O. et l’on peut penser qu’elle finira par se faire au sein de chaque établissement, ce qui nuit fortement à la notion de bac national.
Il faut enfin déplorer cette façon que le ministère a d’imposer des réformes en prétendant s’appuyer sur des bilans issus des enseignants eux-mêmes. Intoxication médiatique ou autosatisfaction aveugle, c’est montrer bien peu de respect pour les personnels et les élèves qui, les uns commes les autres (il suffit d’évoquer le sujet en classe pour en être convaincu !!), refusent totalement la généralisation des TPE en classe de terminale.