Les CTA des académies de Lille et d’Amiens ont été réunis pour se prononcer sur la carte des formations professionnelles des deux académies.

La FSU est longuement intervenue pour dénoncer l’absence de réponse de la part de l’administration quant à la demande d’ouverture du BTS SN formulée par les personnels du Lycée Paul Duez de Cambrai, mais également le fait que les organisations syndicales n’aient pas été consultées en amont de toutes ces opérations pour étudier les propositions d’ouvertures ou de fermetures des formations formulées par les établissements scolaires.

Les représentants de la FSU des deux académies se sont exprimées contre la carte des formations proposées par l’administration.

Version PDF de la déclaration des élus :

Mesdames, messieurs les membres des CTA,

La carte des formations initiales sous statut scolaire est chaque année, un moment important
du service public d’éducation, au service de la formation des jeunes. Pour les personnels des lycées
publics, il s’agit de préserver la qualité du système éducatif public accessible à tous, sans aucune
discrimination et sans a priori social. Pour un lycée, avec la demande d’ouverture d’une formation
professionnelle, il y a la volonté de montrer le dynamisme de l’établissement et surtout de permettre
au plus grand nombre d’accéder à des formations professionnelles plus qualifiantes dont nous
reconnaissons tous la nécessité pour l’accès à l’emploi des jeunes. Chaque année, plus de 200
dossiers d’ouverture sont déposés, témoignant du dynamisme des équipes de direction et
d’enseignants et la volonté d’adaptation d’un système éducatif que certains veulent décrire comme
peu réactif.
La FSU constate entre nos 2 académies un déséquilibre d’ouvertures de formation : Quand à
Amiens on ne compte que 7 ouvertures, dont 2 en 2022, on en compte 36 pour l’académie de Lille !!
Une fois de plus, l’académie d’Amiens est lésée avec une carte des formations qui ne permet plus
aux jeunes de se former au plus près de chez eux avec un choix qui ne soit pas par défaut, qui
mènerait à un décrochage certain et croissant !
En outre, l’Éducation Nationale est mise à mal. A la rentrée de septembre 2021, 1 800 postes
seront supprimés dans le 2d degré alors que les effectifs d’élèves augmentent encore. L’avenir
n’est guère plus enthousiasmant à la vue du nombre de postes ouverts au concours d’enseignement.
La carte des formations proposées est une illustration du manque d’investissement de l’État
dans la formation professionnelle initiale : les ouvertures sont corrélées aux fermetures. A noter que
pour les formations de BTS, 5 ouvertures ont lieu dans l’enseignement public et 4 dans
l’enseignement privé, malgré le fait que l’enseignement public représente une part beaucoup plus
importante de jeunes. Sur les dossiers retenus, nous ne connaissons toujours pas les raisons qui ont
prévalu au choix définitif positif ou les refus des demandes formulées : un manque de moyens de
l’Éducation Nationale ? Un manque de financement de la région pour les infrastructures ? Une offre
de formation déjà trop importante dans la branche professionnelle, sous statut scolaire ou en
apprentissage ? Par exemple au lycée Marie Curie de Nogent-Sur-Oise, l’ouverture d’une section de
sciences économiques et sociales se fait à moyen constant et implique la suppression d ‘un groupe
du BTS CPRP à 2 options a/ et b/ qui hypothèque gravement la poursuite de ce BTS. Les personnels
du Lycée Paul Duez de Cambrai étaient également dans l’attente de la possible ouverture d’un BTS
Sciences du Numérique, à moins que l’étude de la situation n’ait eu pour but que de faire patienter
les personnels sans réelle perspective d’ouverture.
La FSU avait souligné la nécessaire consultation des organisations syndicales de l’Éducation
nationale lors d’un GT après les décisions actées au niveau du CREFOP en décembre. Nous prenons
acte des nouvelles mesures annoncées par le Secrétaire général de la région académique pour la
constitution de la carte des formations de septembre 2022 : un groupe de travail en mai 2021 avant
le dépôt des dossiers et un groupe de travail avant le CREFOP de décembre 2021. Pour siéger
valablement, les représentants des personnels doivent pouvoir bénéficier de documents complets et
en particulier des dossiers d’ouverture non retenus. Par ailleurs, les chefs d’établissement ne
peuvent pas être les seuls interlocuteurs pour l’élaboration de la carte des formations puisqu’elle
engage la communauté éducative de chaque établissement.
L’étude de la carte des formations de la formation initiale sous statut scolaire est une
nécessité au service d’une politique volontariste de développement de la formation des jeunes, pour
répondre aux besoins en formation du tissu économique.
Avec la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, la libéralisation du marché de
l’apprentissage a permis l’ouverture de nombreux CFA privés, et en particulier dans la région
Hauts-de-France. Pendant cette crise, le modèle de l’apprentissage a été interrogé et mis en
difficulté : l’apprentissage ne peut se développer que si la conjoncture économique est florissante et
si les entreprises sont en capacité de recruter. Sans les aides financières de l’État et la possibilité de
commencer l’apprentissage pendant 6 mois sans avoir signé de contrat avec une entreprise, le
modèle de développement de cette formation se serait effondré dans les CFA privés. Pendant ce
temps, l’Éducation nationale a assumé sa part du travail et les enseignants ont même assuré le suivi
des PFMP ( en CAP et en Bac pro) ainsi que l’enseignement des élèves n’ayant pas de lieu de stage
dans les LP, la formation à distance sans dotation de matériel informatique et sans aucune
compensation. Pour nous, la prime de 150 € réservé à certains enseignants prévue en janvier 2021 et
annoncée pour février, est indigente au regard des besoins. Le Parisien du 9 février chiffrait le coût
du travail à domicile à 174 euros par mois : seront ils un jour compensés ?
Un autre point mérite aussi d’être mis en évidence par rapport aux formations
professionnelles : les organismes privés de formations ont pu avoir recours au chômage partiel de
leurs salariés, ce qui de ce fait, a transféré le coût du travail vers l’État et l’ensemble de la
population. Par contre, les CFA publics ont continué à payer le salaire complet de leurs permanents,
un point positif pour les personnels. Les CFA publics et les GRETA n’ont pas d’autres recettes que
celles reçues des formations dispensées. Dans le milieu concurrentiel de la formation
professionnelle, cette distorsion de concurrence au détriment du public n’a pas été compensée par
l’État et c’est donc leurs capacités à perdurer et à investir qui sont interrogées. Ainsi, le Service
public d’Éducation est sacrifié au profit de la formation professionnelle privée ; et la logique de
partenariat, pratique que nous retrouvons dans le Campus des métiers, se fait toujours au détriment
du Service Public. Ces collaborations public-privé donnent la respectabilité de l’Éducation nationale
à des formations privées payantes.
Enfin, la FSU reste opposée au développement de l’apprentissage avant 18 ans. Les
questions que nous avions soulevées avec le développement de l’apprentissage restent d’actualité :
Qu’en est-il de la reproduction sociale de l’apprentissage ? Qu’en est-il de la répartition genrée des
métiers, accentuée par cette formation ? Qu’en est-il des jeunes exclus de l’apprentissage, qu’ils
soient issus des quartiers de milieux défavorisés ou de milieux ruraux ?Dans le système
concurrentiel de la formation professionnelle, système instauré par l’État, le Service public
d’Éducation ne se bat pas avec les mêmes armes, contraint par des moyens limités et souffrant d’un
sous-investissement chronique.
La FSU exige une autre politique pour la formation professionnelle au service de tous les jeunes.