Effectifs en lycée : les murs vont craquer !
« La génération 2000 entre massivement au lycée en 2015 », titrait une note d’information du Ministère de l’Education nationale (MEN) l’an dernier. Visiblement, le Rectorat de Lille n’a pas totalement anticipé ce phénomène : les conditions d’affectation des élèves en 2de générale et technologique (2GT) à la rentrée prochaine s’annoncent déjà très difficiles.
Le MEN a prévu, au niveau national, une hausse de 19000 élèves en 2GT en septembre prochain, par rapport à septembre 2014, soit le double de la hausse constatée entre 2013 et 2014 ! La démographie des années 2000, ainsi que la très forte diminution du redoublement en collège, expliquent l’explosion des effectifs en lycée dans deux mois.
Mais cette hausse des effectifs n’arrive pas dans n’importe quel contexte : depuis plusieurs années, les gouvernements ont décidé de diminuer les moyens affectés aux lycées. Le résultat est simple :
– au niveau national, 1 classe de 2GT sur 3 avait au moins 35 élèves en 2014, contre « seulement » 1 sur 5 en 2009 !
– au niveau académique, la diminution drastique des moyens depuis 2009 équivaut à la fermeture théorique de 7 lycées moyens de l’académie ! Autrement dit, depuis 2009, tout se passe comme si on avait supprimé 7 lycées dans l’académie... avec des effectifs d’élèves qui remontent fortement !
La situation dans les lycées de l’académie de Lille – mais plus largement en France – est donc déjà très tendue, en particulier en 2GT : les conditions de travail s’y sont nettement dégradées depuis la réforme du lycée de 2010. Les classes de 2GT, qui sont un moment très important dans le parcours des élèves, ont déjà des effectifs moyens qui tournent autour de 33 élèves. Les beaux discours sur « l’égalité des chances » et la « personnalisation » du suivi sonnent creux dans ce contexte...
Mais la situation est en passe de brutalement se dégrader encore davantage dans deux mois ! Visiblement, le Rectorat de Lille n’a pas pris la pleine mesure de la hausse des effectifs, et n’a pas fourni suffisamment de moyens pour accueillir tous les élèves supplémentaires :
– certes, des lycées ont bien eu des moyens supplémentaires pour ouvrir quelques classes de plus – mais même dans ces établissements, les ouvertures de classe ne sont pas à la hauteur des demandes d’inscription.
Tous les retours que nous avons des lycées de l’académie annoncent des classes de 2GT « pleines », à 35 élèves par classe, voire davantage... C’est par exemple le cas au lycée Blaringhem (Béthune), où on annonce des classes de 2de GT à 35 élèves minimum (et jusqu’à 38) ; à Maubeuge, les 2GT accueilleront en moyenne 34 élèves par classe ; à Noeux-les-Mines, tableau similaire (et déjà des classes à 36 pendant cette année), idem à St Omer (33 à 35 élèves en 2de GT, pour l’instant) ; etc.
– d’autres établissements, plus nombreux, sont obligés de recontacter le Rectorat en ce moment, en urgence, pour quémander des moyens supplémentaires... sans aucune garantie ! Ainsi à Maubeuge, on augmente les possibilités d’inscription, mais sans moyens supplémentaires ; à Haubourdin, on crée une demi-classe
de plus, mais les 2GT auront toutes 35 élèves (au mieux) ; au Cateau-Cambrésis, on demande des moyens, mais sans certitude que cela permettra d’assurer les dédoublements... Et certains chefs d’établissement préfèrent le « redéploiement interne » des moyens (déshabiller Pierre pour habiller Paul).
– à l’heure actuelle, de nombreux collégiens sont encore sans affectation, et certains n’obtiennent pas leur lycée de secteur ! Pourquoi ? Les lycées sont remplis, les établissements n’ont pas les moyens de créer des classes en plus... Ainsi, à l’heure actuelle, 25 élèves du Cateau-Cambrésis ne peuvent s’inscrire dans leur lycée de
secteur ; 17 élèves du secteur de St Omer sont sans affectations ; autour de Béthune, les lycées sont remplis et ne peuvent plus inscrire de nouveaux élèves pour l’instant ; idem autour de Denain... Et si l’on souhaite à tous les candidats au bac de réussir, les éventuels redoublants risquent d’avoir des difficultés pour pouvoir se réinscrire dans leur lycée, faute, encore, de moyens !
Le SNES-Fsu demande au Rectorat une réaction d’urgence : la hausse des effectifs en 2de à la rentrée prochaine doit donner lieu à des moyens supplémentaires pour que les élèves soient accueillis dans des conditions
correctes. Sans cette réaction d’urgence, non seulement des élèves ne pourront pas accéder à leur lycée de secteur, mais les classes à 35, 36, 37 élèves vont devenir la norme, et ce sont les conditions de travail de tous qui seront dégradées. Et donc les possibilités de réussite des élèves. Les effectifs trop nombreux et les vœux d’affectation non satisfaits accentuent le risque de décrochage scolaire.
La section académique du SNES-FSU