Devant la remontée massive des difficultés liées à la mise en place des nouveaux enseignements d’exploration en classe de seconde, les rectorats envoient ordre et contre ordre aux acteurs du terrain. Il faut dire que mettre en place ces enseignements suppose de relever de nombreux défis dans un contexte de restriction budgétaire. La volonté de passer en force ne suffit pas. La résistance des personnels s’accompagne désormais d’une fronde des chefs d’établissement qui s’aperçoivent mais un peu tard que le mot autonomie rime avec pénurie et gros soucis.
On se souvient des protestations des familles lors de la dernière rentrée, liée à la gestion rigide des capacités dans le logiciel AFFELNET qui répartissait les élèves parmi les enseignements de détermination. L’idée dans notre académie pour cette année consistait à ne pas répartir les élèves avec ce logiciel et de laisser ce travail aux chefs d’établissements. Devant les protestations, le ministère serait en train de reconsidérer les choses et envisage désormais une intégration des enseignements d’exploration dans le logiciel AFFELNET. L’affectation restera donc informatisée, mais sur la base de quels critères ? Là est la question !
Les enseignements d’exploration seront ils accessibles à tous les élèves ou uniquement à ceux dont c’est le lycée de secteur ? Après avoir laissé penser que les enseignements d’exploration ne seront pas dérogatoires, il semble que le choix d’un enseignement d’exploration technologique autorisera bien l’élève à postuler pour un lycée hors secteur.
Le latin et la LV3 qui dans un premier temps restaient des options facultatives dans l’académie redeviendraient des enseignements d’exploration. L’académie reviendrait s’aligner sur le projet national.
Après la seconde générale et technologique liberté de choix ou contrainte ?
Le recteur avait rappelé avec force sa volonté de découpler le choix des enseignements d’exploration du choix de la série de Bac. Tout dépend en réalité de l’attitude des chefs d’établissements. Ces derniers devront garantir un égal accès à toutes les séries de Bac, quel que soit l’enseignement d’exploration choisit en seconde. En effet ce découplage était déjà affiché et affirmé dans les brochures ONISEP du temps des enseignements de détermination mais nous savons tous que dans la pratique les élèves avaient intérêt à choisir soigneusement leur enseignement de détermination, en tenant compte du type de bac visé. Les établissements admettaient en effet, en priorité, dans les sections technologiques des élèves qui avaient suivis l’EDD correspondant à ce type de Bac. Il était rare pour un élève ayant fait sa seconde dans un autre lycée d’être admis en première dans une série de Bac qui n’existait pas dans son lycée de secteur. Et les Conseillers d’Orientation-Psychologues ne sont pas responsables des pratiques des chefs d’établissements. Il est évidemment plus facile de faire porter sur les acteurs de terrain la responsabilité des dysfonctionnements résultant d’un mauvais pilotage. Mais cette tactique de recherche d’un bouc émissaire n’abusera personne.
Dans l’intérêt des élèves il apparaît nécessaire de rendre l’inscription dans les différentes séries de bac la plus équitable et objective possible. Les projets dont nous avons connaissance à l’heure actuelle vont dans une toute autre direction. Sous couvert de souplesse et de liberté des parcours, c’est un véritable retour des dizaines d’années en arrière qu’opèrerait le ministère s’il redonnait au chef d’établissement une autonomie sans contrôle dans l’inscription des élèves au niveau de la seconde générale et technologique et au niveau de la classe de première. Autonomie qui pourrait se transformer en arbitraire dans la gestion des flux d’élève. Quel sens aura une décision de conseil de classe ? Si la seule garantie qui reste aux élèves semble être l’affectation dans leur lycée de secteur qui peut jurer qu’un bon élève hors secteur ne prendra pas la place d’un élève du secteur ? Comment se décidera la répartition des élèves dans les enseignements d’exploration ? Chaque établissement aura des pratiques différentes. La concurrence est déjà vive entre établissements, qui n’ont d’ailleurs pas attendu les arbitrages du recteur pour aller faire leur publicité dans les collèges sur les éventuels enseignement d’exploration de la rentrée. La qualité et la fiabilité de l’information des élèves et des familles se dégrade donc. Au moment où les Conseillers d’Orientation Psychologues ont pour consigne de ne pas communiquer.
On peut craindre que cette autonomie des établissements ne diminue la possibilité pour les élèves et les familles d’anticiper et d’élaborer une stratégie d’orientation. L’objectif de meilleure gestion des flux d’élèves pour rentabiliser l’utilisation des structures risque d’entrer en collision avec l’intérêt des familles et surtout avec le principe d’égalité des citoyens qui est un des piliers du service public.
Le SNES demande donc que le rectorat de Lille garantisse une procédure d’affectation équitable avec des critères clairs et objectifs, communiqués aux familles dès la rentrée pour la rentrée suivante, garantissant ainsi le droit à l’information pour les élèves et leurs parents.