7 avril 2020

Le Snes-FSU dans l’Académie

DÉCLARATION FSU – CTA en distanciel du 3 avril 2020

La crise sanitaire que nous traversons est d’une gravité extrême. Et dans ce contexte inédit, l’absence de moyens les plus élémentaires pour protéger les travailleurs, dont nos collègues, n’est pas acceptable. Cela n’a pas empêché un grand élan de solidarité des personnels de l’Éducation envers les personnels soignants, dont les enfants ont été pris en charge partout où cela a été nécessaire, systématiquement sans mise à disposition des moyens de protection. Et sans que l’Administration consente jusqu’à présent à considérer les personnels sur site tombant malade du Covid-19 en accident de service.

Leur engagement ne peut pourtant se faire au détriment de leur santé ni celle de leurs familles. Nous continuons donc d’exiger la mise à disposition par l’employeur ou par les collectivités locales de matériel de protection sanitaire (gel, gants et masques) dans les écoles et établissements où sont accueillis, par des volontaires, ces enfants de soignants. Nous demandons que soit organisé le dépistage de tous les personnels qui assurent l’accueil de ces enfants. Il est incompréhensible qu’il soit possible de le faire pour d’autres professions, avec un degré d’urgence parfois moindre, en particulier s’agissant d’entreprises qui ne sont pas impliquées dans la gestion sanitaire de la crise. Enfin, il n’est évidemment pas possible d’attendre des collègues qui se dévouent ainsi l’accompagnement à distance préconisé, cela doit être dit.

Alors qu’aucune condition n’est réunie pour respecter les textes réglementaires concernant le télétravail (prise en charge des coûts induits, organisation du travail, volontariat des agents, etc.), les collègues font le maximum avec beaucoup d’engagement pour maintenir une activité scolaire à distance avec les élèves maintenant confinés. Les personnels administratifs en font tout autant, parfois en se déplaçant encore dans les EPLE, souvent à distance quand ils le peuvent.

Dans ce contexte, la communication du ministre visant à faire croire que tout allait pour le mieux, “que tout était prêt”, et tout récemment les propos inacceptables de la porte-parole du gouvernement ont été reçus comme autant de marques de mépris. Les excuses et les remerciements bien tardifs ne peuvent suffire, d’autant quand le constat est depuis des mois au décalage entre la communication médiatique, les paroles, et les actes.
Alors faut-il croire à de simples erreurs de communication ? Ce n’est pas sûr, quand nous voyons la volonté de contrôle des activités menées par nos collègues qui se sont développées ici ou là dans l’académie.

Des dérives qui découlent de l’injonction initiale que constitue la "continuité pédagogique", qui a laissé croire à l’opinion publique que les collègues devaient être pressés pour maintenir le contact avec leurs élèves. C’est en tout point scandaleux quand on mesure l’engagement des collègues pour réorganiser en urgence, et sans aucune anticipation possible, leurs pratiques professionnelles, et maintenir le lien pédagogique, dans un contexte dégradé au plan professionnel et familial.
Les collègues ont besoin d’être rassurés, confortés dans leurs missions, nombre d’entre eux se surmènent par volonté de bien faire. Il faut donc leur faire confiance et ne pas les culpabiliser, et cesser les discours ou les pratiques qui leur laissent penser que l’on doute d’eux. La situation de travail empêché qu’ils connaissent - travail empêché pour des raisons conjoncturelles - est génératrice d’une réelle frustration, d’une vraie souffrance qui est à prendre en considération.
Par ailleurs, encourager publiquement les ruptures de confinement pour se déplacer et récupérer des photocopies était irresponsable de la part du ministre qui exposait, outre les familles, les personnels administratifs et de vie scolaire ainsi que les directrices et directeurs d’école. Pour la FSU, aucune injonction ne doit entrer en contradiction avec la priorité absolue à la sécurité sanitaire. D’autres pistes sont enfin envisagées par le ministère (envois par courrier postal, etc conformément à la FAQ du ministère.) : elles se heurtent à la réalité de communes qui parfois ne sont plus desservis par la Poste de façon régulière, et s’adressent aux élèves les plus fragiles, qui ne pourront pas travailler de la même façon que leurs camarades les mieux équipés numériquement. Derrière la fracture numérique, il y a d’abord et toujours les inégalités sociales.

Nous considérons qu’il sera nécessaire, en temps et heure, de tirer toutes les conséquences de ces situations de crise, en faisant le constat objectif de ce qui n’a pas été fait dans la séquence actuelle pour mieux préparer ce genre de situations à l’avenir. Il nous faut également revenir sur d’autres aspects problématiques de la communication du ministre, parce que générateurs d’incertitude et d’inquiétude.
Les annonces intempestives et péremptoires sur le report des congés, le maintien des examens ou la date de réouverture des écoles pourraient bien être contredites ou démenties par les faits et contribuent dans la période à jeter un trouble inutile. Quoi qu’il en soit, il sera nécessaire à tous, personnels administratifs, enseignants comme élèves, qu’il y ait une coupure significative qui permettra une respiration durant des congés de Printemps.

De même, des clarifications sur la manière dont la fin d’année est envisagée sont nécessaires. Si personne à ce jour ne peut connaître l’évolution exacte de la situation, il faut maintenir les échanges pour préparer la sortie de crise. La situation est mouvante, nous le savons, mais nécessite un dialogue permanent entre nos organisations et le pilotage administratif, dans un cadre réglementaire qui permet l’adaptation nécessaire. C’est pourquoi la FSU a souhaité participer pleinement à ce CTA et aux échanges qui l’ont précédé.
Enfin, la situation sanitaire ne saurait faire taire les revendications : nous n’acceptons pas plus qu’hier les retraits de postes annoncés dans notre académie par exemple. Dans ce contexte, la FSU demande dans l’immédiat un moratoire sur toutes les opérations de carte scolaire, en particulier les mesures liées aux SEGPA dans notre académie, et une concertation nationale avec les organisations représentatives pour envisager la rentrée 2020 sous tous ses aspects. En outre nous tenons à dénoncer la spécification des postes dans les collègues des quartiers labellisés "cité éducative". La FSU dénonce ce choix académique d’anticiper sur le détricotage de l’éducation prioritaire. Ce choix, dans la période où nous sommes, est d’autant plus inacceptable qu’il n’y a pas eu de consignes particulières de la part du ministère (sauf la volonté affichée de spécifier plus de postes). Les notions de projet et de territoire sont bien utilisées pour remettre en cause la mobilité des personnels et la placer sous tutelle de la hiérarchie locale, voire des collectivités, en dépit des situations familiales ou médicales des personnels.

En ce qui concerne les postes administratifs et de laboratoire (BOP 141), nous réaffirmons notre ferme opposition à ces suppressions. La difficile période que nous vivons actuellement nous permet de constater que trois décennies de restrictions budgétaires et de suppressions de postes s’avèrent être une vraie catastrophe pour les services publics et pour le pays.
Il est temps de stopper cette politique dévastatrice que plus personne ne peut nier aujourd’hui.

Nous souhaitons terminer cette déclaration en demandant que soit mises entre parenthèses un certain nombre de mesures liées à la Loi de transformation de la Fonction Publique : dans les circonstances actuelles où chacun – personnels participant au mouvement comme personnels administratifs – est confronté à la nécessité de s’adapter à un contexte encore mal défini et aux multiples difficultés, les opérations préparatoires de la carte scolaire et de la phase intra du mouvement ne peuvent se tenir sans le regard des élus. La sensibilité des opérations de mutation, accrue cette année, est connue, mais nous attirons votre attention sur les risques psycho-sociaux que feraient courir des mouvements qui se dérouleraient mal ou seraient contestés par les personnels. La nécessité de préparer au mieux la rentrée 2020, dans de bonnes conditions, nous paraît d’autant plus impérieuse du fait de la crise sanitaire qui frappe le pays et au-delà. C’est pourquoi nous demandons un moratoire sur toutes les mesures de carte sur postes occupés et l’association des élus des personnels dans la préparation des opérations de mouvement, notamment par des échanges dématérialisés.

Pour ce qui est du mouvement des personnels sociaux, nous demandons enfin une prolongation de la saisie des vœux, la sectorisation ayant récemment évolué dans le Pas-de-Calais.