Ce CDEN se réunit aujourd’hui pour faire le bilan de la rentrée. Le contexte est particulier puisqu’il s’agit de la dernière rentrée scolaire sous cette mandature, ce qui donne lieu de la part des candidats déclarés aux futures échéances électorales à toutes sortes de prises de position : celles-ci vont du satisfecit « hors-sol » coupé de la réalité des écoles et des établissements aux propositions les plus néfastes qui renouent avec les suppressions massives de postes et toutes leurs conséquences en termes d’offre de formation et d’égalité de traitement de tous les élèves. Cette rentrée a été difficile, avec la mise en place de réformes contestées et de moyens qui restent insuffisants compte tenu des suppressions de postes des années antérieures et des difficultés de recrutement toujours bien présentes à l’école et dans certaines disciplines.
En ce qui concerne les collèges, nos enquêtes de rentrée et les retours des collègues font état de difficultés et d’une souffrance accrue dans les établissements. La réforme du collège toujours contestée, le changement simultané des programmes sur tous les niveaux, la mise en place du livret scolaire unique et la préparation du nouveau brevet détériorent les conditions de travail pour beaucoup d’enseignants. Des difficultés et une souffrance renforcées par :
– une hausse des services partagés sur deux ou trois établissements pour certains collègues,
– l’inclusion d’élèves de SEGPA sans concertation ou contre l’avis des enseignants,
– des effectifs toujours trop élevés dans les classes.
En effet, si les indicateurs montrent une baisse de l’effectif moyen par classe, il reste que des collèges non REP ou REP+ se retrouvent avec des effectifs par classe qui atteignent le seuil de 30 élèves, voire au-delà avec l’inclusion d’élèves de SEGPA ou d’ULIS. Il en est de même pour des groupes de langue vivante qui atteignent ces niveaux accompagnés parfois de regroupements anti-pédagogiques. Ainsi, des élèves débutant une LV2 peuvent se retrouver avec des élèves ayant commencé cette langue en 6e dans une classe bilangue supprimée par la réforme du collège.
Pour nous, la réduction des effectifs par classe est une des solutions dans la volonté de réduire l’échec scolaire. Cela passe par la nécessité de rendre à nouveau attractif notre métier auprès de nos jeunes étudiants ; cela passe bien sûr par une volonté sans faille de rendre prioritaire l’éducation et donc d’y consacrer tous les moyens nécessaires. Alors que les instances « carte scolaire » vont bientôt se tenir, nous réitérons notre demande de considérer toutes les écoles et tous les établissements en prenant en compte les réalités socio-économiques et pas uniquement sur la considération des effectifs.
Nous ne revenons pas sur la réforme du collège maintes fois dénoncée l’année dernière mais relevons que les effectifs sont en baisse dans les collèges publics du département alors que les chiffres du ministère les annonçaient stables cette année avec +3000 élèves. Est-ce un effet « réforme du collège » ou démographique dans le département ? Nous réitérons donc nos craintes pour la mixité sociale dans les établissements publics du département et plus généralement au niveau national.
La réforme du collège s’est éloignée d’une refondation qui, au lieu d’invoquer l’élitisme de certaines sections, aurait pu en faire bénéficier l’ensemble des élèves. Cela aurait évité de dégrader la situation notamment des professeurs d’allemand, touchés plus que les autres encore par les compléments de service et placés dans une incertitude permanente. Dans les prochains mois, la FSU portera au cœur du débat et dans les instances ses mandats progressistes et ses propositions pour lutter réellement contre les inégalités en s’appuyant sur l’expertise des professionnels.
Dans le premier degré, la réforme des rythmes n’a pas fait l’objet d’un bilan exhaustif qui aurait pu permettre de tirer toutes les conclusions voulues pour une pérennisation réfléchie du dispositif. Lors de sa promulgation, notre organisation avait pointé les difficultés que la réforme pouvait engendrer sur l’organisation du temps scolaire. Nous avions souligné que cette nouvelle organisation, chronophage pour les élèves comme pour les enseignants, aurait de véritables conséquences à la fois sur la vie des enfants mais aussi sur celle des parents et des enseignants. Là encore, les effets d’annonce ne masquent pas les dérives que nous avons pu constater sur le terrain : absentéisme en hausse, perte de repères, fatigue accrue et surtout, des disparités importantes quant à la qualité des activités proposées aux enfants durant le temps périscolaire. Aujourd’hui, nos collègues du primaire sont au pilori : accusés de multiplier les demandes d’autorisation d’absence, ils sont rendus responsables des difficultés rencontrées pour assurer les remplacements.
Le temps invisible que nous évoquons pour décrire les réalités du quotidien a accru de façon exponentielle pour empiéter significativement sur le temps personnel. Devant la multiplication des demandes ou injonctions, les enseignants du primaire croulent sous de nouvelles tâches au mépris de leur autonomie dans l’organisation de leur enseignement. Le temps passé hors la classe pour seulement répondre aux exigences de l’administration a supplanté depuis longtemps le temps de correction, de préparation et de réunion. Cela donne le sentiment, à l’instar du tonneau des Danaïdes, de ne jamais être en capacité d’aller au bout de ses missions. La direction d’école est devenue un sacerdoce : placés au centre de l’organisation scolaire du premier degré, les directrices et directeurs doivent faire preuve d’une abnégation sans faille bien mal considérée et reconnue. Le temps manque pour apporter toute la cohérence dans l’organisation des différentes missions dévolues à l’école. La campagne de fin des APC initiée par le SNUipp-FSU a pour principal objectif de redonner du temps aux équipes mais aussi toute l’autonomie dont elles ont besoin pour une véritable efficacité. Le rapport du CNESCO sur les inégalités scolaires nous conforte dans ces constats même si nous en contestons certaines conclusions.
Les dispositifs ULIS écoles ont modifié les pratiques professionnelles et l’organisation du travail des enseignants. Lorsque cette organisation a été imposée aux équipes elle a suscité un grand désarroi chez les collègues. Si le principe de l’inclusion n’est pas remis en cause, ses modalités d’application sont sources de difficultés. Des consignes très différentes ont été données suivant les circonscriptions. La question de la formation des collègues et celle des effectifs sont cruciales. Accueillir deux, trois élèves d’ULIS quand la classe compte déjà 24, 25 ou 26 élèves devient vite problématique.
Ce dispositif venant s’ajouter aux différents dispositifs, PAP, GEVASCO, PPRE, Equipes éducatives, les enseignants des classes ordinaires déplorent le manque de temps pour organiser les concertations indispensables avec les nouveaux coordonnateurs. Contrairement aux discours entendus, cette concertation n’est possible que sur des temps nouveaux qui n’existent pas forcément dans les emplois du temps. Réalisée sans véritable explication ou formation, la mesure continue de créer de nombreuses interrogations, notamment sur l’évaluation des progrès réalisés par ces enfants.
Le dispositif « Plus de Maîtres que de classes », que nous appelons de nos vœux depuis la naissance de notre organisation, a fait l’objet d’un effort significatif de la part du Directeur Académique du Nord. Nous ne pouvons que nous en féliciter car nous sommes convaincus de son efficacité si on veut traiter les difficultés scolaires au plus tôt de la scolarité. Souhaitons que le dispositif soit pérennisé et qu’il soit étendu à toutes les écoles afin d’apporter tous les moyens nécessaires aux équipes et résoudre ainsi le problème de l’échec scolaire.
Beaucoup de nos collègues ne se reconnaissent plus dans leur métier qu’ils peinent de plus en plus à maîtriser à cause de réformes successives. Celles-ci s’empilent les unes après les autres depuis plus de vingt ans et sont trop souvent décrétées sans prise en compte de l’expertise des enseignants. Ce constat est celui du terrain, celui que nous font nos collègues, sans retenue, sans peur du jugement d’un supérieur hiérarchique. C’est une réalité que refuse de voir l’institution, y compris au local, quand dans certains établissements, les injonctions l’emportent sur le bon sens et le travail d’équipe comme en ce moment, avec une mise en place détournée du LSU pour imposer des classes sans notes ou une évaluation par compétences. Nous demandons un cadrage qui respecte la liberté pédagogique des enseignants et qu’une véritable formation soit proposée, pour le 1er degré, afin de maîtriser au mieux ce nouvel outil, pas encore opérationnel alors que nous avons déjà commencé à évaluer nos élèves ! C’est ce qui justifie notre demande d’un moratoire.
Nous nous sommes inquiétés, à plusieurs reprises, des conditions de travail des enseignants référents. Nous attirons à nouveau votre attention sur ces collègues qui rencontrent encore des difficultés pour exercer leurs missions en raison d’un manque de moyens. La baisse de leur enveloppe budgétaire à des conséquences sur les familles qui doivent prendre à leur charge l’affranchissement des courriers pris en charge jusque-là par la MDPH.
Pour terminer, nous voudrions revenir sur les compte-rendus de CDEN ou CTSD. Nous trouvons leur nouvelle forme trop épurée, cela en facilite peut-être la lecture mais ne rend pas compte des échanges lors des instances. La FSU demande donc un retour à des compte-rendus étoffés comme cela se faisait auparavant et comme cela se fait en CTA par exemple.