23 janvier 2009

Le Snes-FSU dans l’Académie

Déclaration SNES-SNEP FSU au CTPD 62 du 19 janvier 2009

DECLARATION FSU

Si la crise financière et boursière semble se ralentir, les conséquences de la crise du capitalisme se font lourdement sentir pour les salariés et retraités. Elle révèle la faillite d’un système qui prône la baisse des coûts salariaux et des dépenses publiques, et la rentabilité à court terme.
Tout en annonçant un plan de relance inadapté au contexte économique et social, le gouvernement poursuit des réformes touchant les secteurs aussi divers que l’audiovisuel, la justice, le fonctionnement des institutions, … le plus souvent sans concertation en s’appuyant sur la crise pour justifier la plupart de ses choix.
Le plan de relance de l’économie et l’emploi présenté en décembre (26 milliards d’euros) ignore l’investissement dans les services publics ainsi que la situation des salariés et chômeurs. Dans l’Education Nationale, l’annonce de 5000 contrats aidés dans le cadre du plan de relance, baptisés « médiateur de la réussite scolaire » ignore ainsi l’engagement de nos collègues CPE, CO-PSY, assistantes sociales, personnels qualifiés et formés, auxquels les moyens de traiter les aspects sociaux de l’absentéisme ne sont pas donnés.

Avec 639 suppressions de postes c’est de nouveau l’académie de Lille qui est la plus lourdement frappée. Dans le second degré, le retrait des moyens représente 12,4 % du total national. Certes, d’autres académies sont également victimes, mais à Lille, depuis 5 ans, c’est au moins 16 % des effectifs du second degré qui ont disparu.

Dans les collèges, seule la hausse des effectifs (+822) a contraint le ministère à injecter 30 ETP dans le département du Pas-de-Calais. 18 divisions étant créées au total.
En réalité, ces créations sont insuffisantes et le nombre moyen d’élève par division repart à la hausse, retrouvant le niveau de la rentrée 2006 (22,85). A titre d’exemple, 58 % des collèges voient leurs effectifs augmenter, mais il faut en moyenne 42 élèves supplémentaires pour qu’une division soit ouverte, alors que dans le même temps les établissements où les effectifs décroissent fermeront une division pour seulement 11 élèves perdus.

Les 288 HSA de la dotation globale ne règlent en rien ce problème. Elles représentent l’équivalent de 16 postes qui auraient pu être créés et ne font qu’alourdir les conditions de travail d’enseignants déjà trop sollicités : les difficultés que les chefs d’établissement rencontrent désormais à trouver des professeurs principaux et le maintien à un niveau élevé des temps partiels en attestent. A la rentrée 2009, la part des HSA dans la dotation globale n’a jamais été aussi importante (de 6.28 à 6.82%) alors même que les personnels n’en veulent pas, et que sur le terrain les contraintes liées à la taille des établissements sont incontournables.

Pour un service public d’éducation de qualité, aucune classe ne devrait dépasser 24 élèves, 20 en éducation prioritaire. Il faudrait pour cela créer aujourd’hui près de 450 postes dans les collèges du seul département du Pas-de-Calais. C’est à dire le total des suppressions ces dernières années. On voit bien que la pause démographique qui prend fin n’a jamais été utilisée pour lutter contre l’échec scolaire, la grande difficulté et la déscolarisation.
A ces moyens insuffisants, il faut ajouter la disparition de dizaines (centaines ?) de postes au titre du remplacement. Mais il faudra attendre pour en connaître le nombre exact. Espère-t-on ainsi faire « passer la pilule » et tromper l’opinion ? Veut-on éviter d’avoir des chiffres accablants en période de crise et de suppressions massives d’emplois ?
Le recteur est dans l’incapacité depuis longtemps d’assurer toutes les suppléances. Cette carence de moyens a des conséquences sur les personnels : fusion de zones, compléments de service, affectations hors zone, pressions de l’administration, et donc sur la scolarité des élèves. La FSU exige l’augmentation des moyens de remplacement par la création de nouveaux postes de TZR afin de garantir la continuité de service public d’éducation.

Mais le souci d’économie à tous prix du gouvernement se fait aussi au prix d’une gestion à court terme des moyens dévolus aux collèges : des suppressions de divisions se font désormais pour une année, pour d’autres la cohérence académique les placent en situation difficile dans le cas où un faible nombre d’élèves supplémentaires se manifesteraient en fin d’année scolaire (Achicourt, Biache, Lumbres).
L’idéologie libérale, qui inspire l’assouplissement de la carte scolaire et met en concurrence les structures, les personnels, mais aussi les familles, fragilise elle aussi le fonctionnement des établissements, par son imprévisibilité, les injustices et les déséquilibres qu’elle induit dans les flux.

La mise en place de l’accompagnement éducatif dans les collèges relève des mêmes choix politiques. Sa généralisation est dangereuse, car elle a remis en cause des horaires disciplinaires, l’existence même de certains enseignements qui ne seraient pas au cœur du socle commun, ainsi que les dispositifs de remédiation existants. Ces choix politiques et budgétaires favorisent par exemple la réduction des moyens alloués à la lutte contre la difficulté scolaire (288 H perdues, 12.6 ETP), et leur redéploiement partiel pour mettre en place 5 nouvelles UPI. L’aide et l’apprentissage de l’autonomie ne peuvent se traiter par le renvoi du soutien, de l’aide individualisée et de l’interdisciplinarité à l’extérieur du cours et de l’enseignement disciplinaire.

Dans l’éducation, les actions continues et convergentes des personnels, des parents et des lycéens, le travail d’explication mené par notre organisation syndicale ont amené le Président de la République à annoncer le report de la réforme Darcos des lycées ; la pression mise par la communauté éducative, les actions diversifiées, la forte participation aux élections professionnelles et le résultat de ces élections ont conduit à des évolutions de la politique gouvernementale : retour sur la suppression de 1.500 postes de Rased, maintien des concours de recrutement au niveau de 2008. Pour autant, le compte n’y est pas et les maigres créations de postes en collège ne masquent pas l’insuffisance des moyens accordés à l’académie. La FSU exige un moratoire sur les suppressions de postes, et poursuit son action avec l’ensemble des organisations syndicales en vue de construire une mobilisation commune. Elle appeler salariés du privé et du public, chômeurs et retraités à une grande journée d’action interprofessionnelle le 29 janvier ; la plateforme revendicative intègre aussi la défense des services publics.