15 octobre 2005

Les établissements

Les CDEN (Conseil Départemental de l’Education Nationale) d’octobre 2005 dans le Nord

Deux Conseils Départementaux de l’Education Nationale sont réunis tous les ans en octobre : l’un à compétence Etat pour établir le bilan de la rentrée et l’autre, à compétence Collectivité territoriale (conseil général), pour avis sur la dotation de fonctionnement accordée aux collèges pour l’année civile prochaine.

1 Le CDEN bilan de rentrée du 6 octobre 2005.

Nos camarades du 1er degré et nous mêmes avons vivement condamné le fait que l’éducation nationale n’était plus une priorité de la nation. Constatant que la remontée des effectifs d’élèves ne s’accompagnait pas d’une création significative de postes d’enseignant dans le premier degré, que la maternelle devenait une variable d’ajustement des postes (scolarisation à mi-temps des 2/3 ans), que les fusions d’école qui transforment 2 structures en une grosse machine de 15 classes à 20 classes, mais avec 1 seul directeur, servaient aussi la logique de la calculette.
Pour le second degré, l’Inspecteur d’Académie a fait le bilan chiffré de la rentrée 2005. Le maintien du nombre des classes relais (10) et d’ateliers relais, de Clad (15), de 3es d’insertion (52 à titre dérogatoire, sûrement pour la dernière année), 4 classes d’enfants du voyage, l’ouverture de 4 nouvelles unités d’intégration pour les handicapés (24 au total). 193 classes euro réparties sur 141 collèges.
Il a déploré comme chaque année, la baisse des effectifs des collèges qui reste sensible, même si l’Inspection attend les résultats de l’enquête lourde de rentrée pour affiner :
  Au vu de l’enquête rapide, il y a encore à peu près 3000 élèves de moins par rapport à l’an dernier, mais le nombre de fermetures de divisions est supérieur en pourcentage à ce que l’administration pratiquait les années précédentes. L’inspecteur d’académie ne peut même plus se prévaloir d’amélioration du taux d’encadrement, ni du H/E, ni du nombre d’élèves par classe.
  Nous ne devons pas être inquiets, cependant, l’administration a attribué, comme l’an dernier, une aide spécifique pour les actions et la souplesse (3e I, clad, enfants du voyage, UPI, classes euro, classes à horaire aménagé, classes relais, intégration des handicapés hors UPI) de 12 à 27h par établissement, plus une heure par division de la 6e à la 4e et 3/4h par division de 3e.
  Il ne peut plus nier que la politique gouvernementale qui dépouille peu à peu l’école publique de ses moyens, nous conduit pour le Nord, à constater qu’un tiers des collégiens sont dans le privé (44000) contre 92600 dans le public.
Il a ensuite développé les conditions d’application du plan « Borloo » de cohésion sociale, et plus particulièrement de son 3e volet, le plan de réussite éducative, mettant en œuvre au vu de territoires ciblés, des moyens pendant et hors temps scolaire, pour la réussite scolaire et sociale des enfants et de leur famille, les plus défavorisés.

Le SNES-FSU est intervenu longuement, pour déplorer le désengagement de l’Etat, les suppresions de postes à la hache, la multiplication des compléments de service et surtout pour dénoncer le nivellement par le bas des dotations horaires. En effet, ce sont les établissements REP qui ont servi de mine de postes à fermer : 24h d’enseignement supprimées pour 10 élèves perdus, contre 16h pour les collèges « ordinaires », obérant fortement leurs moyens spécifiques liés à leur situation.
Nous avons dénoncé également le traitement inhumain réservés aux contractuels de l’an dernier, repris comme vacataires, pour certains, avec peu d’espoir de contractualisation au terme de leurs 200h.
Dénoncé également, les suppressions ou diminutions drastiques du nombre des groupes de langue, de science. L’abandon du soutien et de la remédiation, faute de moyens, l’absence de réimputation dans les horaires disciplinaires des heures d’IDD abandonnées.
Dénoncé le décret sur les remplacements, considérant la charge de travail des collègues qui s’accroit d’année en année, les conditions de rémunération et l’absence de revalorisation des salaires qui poussent certains à accepter ces heures supplémentaires. Rappelé l’hypocrisie du gouvernement qui n’a plus d’argent pour recruter des enseignants, mais qui en trouvera en janvier pour payer des quantités incroyables d’heures supplémentaires.
Nous avons amèrement rappelé que la nouvelle baisse prévisible du nombre d’élèves, va conduire à 300 nouvelles suppressions de poste en mars 2006, si les règles de calcul ne changent pas...
La situation de l’école publique devient dramatique quant au niveau social de recrutement des élèves : le quart des élèves du public est boursier (contre 8% dans le privé), la moitié des demi-pensionnaires est aidée (contre 20% dans le privé). De plus, le nombre des élèves aidés baisse moins vite que le nombre d’élèves. Preuve supplémentaire de la paupérisation de l’école publique.
Nous avons signalé également la baisse du volume des fonds sociaux et le retard pris par l’administration pour les octroyer aux établissements. De ce fait, il est impossible pour les collègues de chiffrer le coût des actions, sorties et voyages scolaires, alors que tout doit être voté en conseil d’administration. Si le rectorat voulait cantonner les élèves défavorisés dans leur collège, il ne s’y prendrait pas autrement.
L’empilement des dispositifs nouveaux et anciens dans l’espace éducatif nous pose des problèmes inouïs : les surveillants ont perdu 50% de leurs effectifs, les emplois-jeunes ne sont plus renouvelés. La dotation en assistants d’éducation, permet à peine de compenser la disparition des MI-SE et ne renouvelle quasi aucun des aides-éducateurs. Ceux-ci ont montré l’existence de besoin réels, l’administration ne mesure ces besoins qu’à l’aune de ses moyens, et invente de nouveaux contrats aidés aux contrats de plus en plus courts et de plus en plus précaires, souvent payés la moitié du SMIC ... mais aux tâches de plus en plus complexes, de plus en plus spécialisées (aide aux Handicapés, par exemple), sans formation préalable. Un comble pour l’éducation nationale !

Nous avons enfin longuement dénoncé l’abandon par notre ministère de la lutte contre l’échec scolaire, la déscolarisation, la désocialisation. Le ciblage sur des zones précises (Zones Urbaines Sensibles) montre bien l’abandon de cet effort sur tous les territoires. Nous nous sommes montrés inquiets sur la multiplication des internats de collège (2 ouverts dans le Nord et 2 en prévision, pour l’instant), visant à retirer les enfants de leur famille, pour leur bien ou celui de leur famille. La question des intervenants enseignants est restée sans réponse : Institeurs ou professeurs spécialisés recrutés pour l’occasion ? ou personnels déjà en poste, en plus de leur charge de travail ? Nous avons exprimé, enfin, nos craintes quant au financement par d’autres ministères ou par le secteur marchand.

L’Education Nationale fait désormais preuve d’une absence chronique et volontaire d’une politique éducative d’envergure et ambitieuse. Nous en sommes rendus à des empilements de traitements ponctuels dans le temps et l’espace, que certains pourront sans doute énumérer avec satisfaction, mais qui resteront des palliatifs à ces graves problèmes d’illettrisme, d’échec scolaire, de conduites déviantes ou à risque, et de perte de repaires sociaux.