Le « ras-le-bol » d’une politique libérale qui se revendique comme telle est général ; les mobilisations en Europe se multiplient (Grèce, Espagne ..) contre le choix de faire payer la crise par les populations. Pour autant, les difficultés à accorder des orientations syndicales très différentes, voire opposées, pour réaliser l’unité, ainsi que l’espoir d’un changement de politique en 2012, rendent difficile la mise en place d’une riposte d’ampleur. La journée du 31 mai, bien que rien n’ait été fait pour qu’elle soit une réussite, a montré un réel potentiel de mobilisation. Nous avions les moyens d’en faire une étape forte sur la question des salaires.
Il faut en tirer les leçons pour les prochaines mobilisations.

Au sein de l’Education nationale, l’improvisation semble être la ligne de conduite générale : c’est le cas pour les élections professionnelles qui se tiennent dans 4 mois (du 13 au 20 octobre), mais aussi et surtout pour la gestion des personnels. Le ministre de l’Education nationale confirme l’application du dogme du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux un jour et, le lendemain, lance un appel au recrutement de 17 000 « jeunes talents » pour une bonne part précaires, allant même jusqu’à organiser un « prof dating » à Paris où le candidat a quelques minutes pour convaincre l’employeur qu’il doit être embauché. Tout cela en affirmant que notre secteur ne manque pas de personnels, sauf peut-être dans le primaire, sauf peut-être chez les remplaçants, ou encore dans quelques disciplines, et enfin, qu’il ne coûte rien aux rectorats de se constituer un vivier de précaires au cas où !

Luc Chatel reconnaît ainsi implicitement le bien fondé des mobilisations dans l’EN depuis janvier dans le 2d degré et fin mars pour le premier.

Le SNES et les autres syndicats de la FSU rejettent ces solutions qui tendent toutes à précariser encore plus : c’est le cas des masters en alternance qui, non seulement dévoient le caractère universitaire de ces bac + 5 mais encore réalisent le tour de force d’occuper à l’année des blocs de moyens de 4-6 h par des étudiants non formés et payés 4-6 h, alors que leurs prédécesseurs dans les années 90 et début 2000 effectuaient après leur recrutement un 4-6 h payés à temps complet ! Le SNES-FSU réaffirme la nécessité d’une programmation pluriannuelle des recrutements, d’une élévation du niveau de recrutement, d’une véritable formation professionnelle associée à un stage représentant le 1/3 des ORS et rejette cette masterisation qui n’en est pas une, mais seulement un recrutement déguisé et massif de non-titulaires pour assurer des missions pérennes. Au niveau académique, la CAA condamne le dispositif qui sera mis en place à la rentrée 2011 : il consiste à remplacer le stage de 3 semaines en avril critiqué à juste titre par une formation filée (un jour par semaine) s’ajoutant au temps plein devant élèves ! Le SNES académique a publié la liste des postes gelés à la rentrée pour accueillir les stagiaires, il renouvelle sa campagne de pétition de refus d’être tuteur dans ces conditions.

Face à cette constante dégradation de la situation générale dans l’EN, le SNES - FSU prendra ses responsabilités en appelant à la grève à la rentrée, y compris si l’unité syndicale ou fédérale ne pouvait se réaliser.

La CAA considère que c’est lors de la semaine de la rentrée qu’un appel à la grève nationale doit avoir lieu, avec des perspectives de suites rapides.
Les élections professionnelles ne doivent pas être un frein à l’action, celle-ci devant bien au contraire être l’occasion d’affirmer nos positions.

Autres dossiers brûlants :

 les salaires des fonctionnaires : le GT LOLF du 27 mai a clairement montré que les salaires des personnels du 2d degré ne progressaient que grâce à l’effet GVT (glissement – vieillissement - technicité), à la pseudo-revalorisation des premiers échelons et aux heures supplémentaires. Autrement dit, nos salaires baissent en dehors de toute promotion, et quand cette promotion arrive, elle ne compense même pas la perte subie depuis le début des années 2000, encore moins celle datant des années 80. A l’heure où le nombre de diplômés va se révéler insuffisant pour assurer les besoins du secteur public et du secteur privé, il est facile de deviner où ira le choix des étudiants, puisque rien ou presque ne peut plus les attirer dans nos professions.

 le projet de transférer l’évaluation aux chefs d’établissement n’est pas acceptable, d’abord pour ce qu’il a de révélateur par rapport à la qualité pédagogique de ce qui va nous être demandé, ensuite parce qu’il sera bien souvent l’occasion de régler des conflits internes, comme c’est déjà le cas avec la notation administrative.

 le temps de travail  : Le SNES-FSU doit faire de ce thème un axe privilégié de sa campagne pour les élections professionnelles, car, là encore, les menaces sont sérieuses sur la durée des vacances dont on nous rappelle qu’elles sont celles des élèves, sur la possible annualisation de nos horaires, sur le nombre d’heures devant élèves (avec des interprétations fantaisistes dans la circulaire envoyée aux chefs d’établissement sur la façon de compter l’heure de première chaire par exemple ou les heures devant effectifs réduits et pour laquelle la CAA demande une intervention du secrétariat général auprès du ministère), ou encore sur l’amplitude horaire à passer au sein des établissements suite à l’application de réformes contestées mais imposées qui prévoient des troncs communs et des groupes de compétences, ou l’évolution de « pratiques » (des chefs d’établissement décrètent qu’un enseignant ayant dans son emploi du temps 1 h pour les TPE doit 2h / semaine d’octobre à mars alors que nous ne sommes pas annualisés).

 La CAA condamne le dispositif des « stages de remise à niveau » pendant la période de congés des élèves de seconde. Outre la parodie de travail qu’ils représentent pour les élèves, ils donnent lieu à un dévoiement des moyens prévus, nombre de chefs d’établissement ayant proposé de décharger des obligations de baccalauréat et de payer en HSE les collègues qui s’engageraient dans le dispositif. Elle appelle à ne pas entrer dans ces manœuvres et à organiser la mobilisation.

 La CAA appelle à investir les conseils d’administration pour que les projets d’établissement ne deviennent pas prétexte à mettre en place des contrats d’objectifs. Non seulement ceux-ci ne sont pas obligatoires, mais encore ils sont aux antipodes des missions du service public d’Education.

 La CAA appelle à soutenir les COP dans leur lutte pour la défense du service public d’Orientation scolaire. Ces nouvelles attaques qui visent à mettre en concurrence les CIO entre eux et les CIO avec d’autres organismes sont inadmissibles. Elle appelle aux mobilisations qui auront lieu le 16 juin.

 Les crédits pédagogiques et les fonds sociaux : ils diminuent comme peau de chagrin dans l’académie (- 62 % alors que le BOP ne diminue que de 3 %), les restrictions budgétaires conduisant à faire ce choix pour parer à d’autres dépenses. Dans les collèges, cela aboutit à ne plus disposer de manuels scolaires, partout les aides sociales disparaissent, favorisant encore davantage le décrochage scolaire. Il faut informer largement sur ces questions et mobiliser les parents d’élèves.

 Les manuels scolaires sont un support de travail et un complément indispensable des cours pour les élèves et les collègues. Or, que ce soit en collège ou en lycée (notamment avec la réforme), les établissements, les collectivités territoriales, les associations de parents d’élèves … sont incapables de faire face aux dépenses engendrées. Afin d’éviter le « photocopillage », il est urgent que l’Etat débloque des fonds pour que chaque élève dispose d’un manuel de chaque discipline correspondant au programme en vigueur.

 AED : le rectorat a annoncé la diminution des moyens d’encadrement et de surveillance des élèves dans la plupart des établissements (transfert des CUI dans le 1er degré non compensés dans le 2d degré et redéploiement des AED, représentant au total l’équivalent de 200 postes en moins à la rentrée). De réelles inquiétudes pèsent sur la rentrée. L’agression au collège de fâches-Thumesnil rappelle le besoin indispensable de personnels qualifiés et formés au sein de nos établissements. La CAA appelle à soutenir toutes les actions pour le maintien des AED et l’augmentation de leur nombre.

Préparer et gagner les élections professionnelles

Les attaques sur le paritarisme se multiplient : refus de tenir compte des préférences émises par les TZR pour les affecter à la rentrée 2011, tentative de diminuer le temps de préparation des élus, assimilation et substitution par le rectorat de l’information au dialogue social, …. Le SNES-FSU continuera à s’opposer à toutes ces dégradations en organisant la résistance dans le cadre de l’intersyndicale et à informer les personnels à l’occasion de la campagne des élections professionnelles.
Il est impératif de mobiliser les personnels pour qu’ils participent massivement à ce scrutin afin de conférer la légitimité indispensable à leurs élus, renforcer la représentativité des syndicats de la FSU et peser sur les nouvelles règles de fonctionnement dans le cadre de la loi sur la rénovation du dialogue social.
Tous les établissements doivent disposer d’un correspondant élections qui aura en charge de vérifier les conditions de vote, d’informer les personnels. Le SNES académique organisera lors de la 3e semaine de septembre un conseil syndical réunissant les syndiqués impliqués dans ce dispositif.