9 janvier 2010

Le Snes-FSU dans l’Académie

Suite au conseil syndical du 11 janvier

TEXTE ACTION CONSEIL SYNDICAL DU 11 JANVIER 2010 / LILLE

SUR FOND DE CHANTAGE A LA DETTE PUBLIQUE ET AU « SACRIFICE-DES-GENERATIONS-FUTURES », LA CASSE DE L’EMPLOI CONTINUE

Il parait que c’est « du bon sens », que c’est « l’évidence » économique : le déficit et la dette sont trop élevés, l’intérêt général commande de faire des économies budgétaires, les revendications sont « égoïstes » dans ce contexte. Qu’il s’agisse du conflit dans les musées, de celui des agents du RER, ou de l’Education nationale, la réponse ne varie pas : emploi ? 1 départ sur 2 non remplacé ; salaire ? le mérite individuel… Il y a encore moins d’argent dans les caisses de l’Etat que lorsqu’il n’y en avait déjà plus…C’est oublier un peu vite que dans un budget, il y a certes des dépenses, mais aussi des recettes. Supprimer des milliers de postes de fonctionnaires, cela réduit les dépenses de quelques millions d’euros. Faibles économies, mais qui coûteront cher : en termes d’emplois pour les étudiants, de conditions de travail pour les personnels, et de qualité de l’éducation pour la jeunesse. Comment accepter cet entêtement alors même que dans ses voeux, N. Sarkozy invite à faire reculer le chômage ? Et les recettes ? Baisses de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur les successions, loi TEPA… : asphyxie budgétaire volontaire et cadeaux aux ménages les plus fortunés et aux entreprises. Les impôts socialement justes sont attaqués, les impôts injustes renforcés. Ce sabordage des recettes engendre les déficits qu’il faut ensuite combler en sabrant dans les Services Publics. Cette politique budgétaire n’est pas seulement économiquement catastrophique. Elle est antisociale : elle enlève aux pauvres pour donner aux riches.

DANS L’EDUCATION NATIONALE

Dès la rentrée de septembre, le SNES était mandaté pour obtenir une action nationale rapide afin de peser sur le budget (16 000 suppressions de postes pour la rentrée 2010) et construire une mobilisation efficace contre les projets de contre-réforme (formation des maîtres, EPLE et lycées).

Les tentatives pour réaliser une action unitaire nationale n’ont cependant abouti que tardivement et partiellement avec un mot d’ordre de grève le mardi 24 novembre à l’appel de la FSU, de la CGT, de SUD et, au niveau académique, du SNETAA, mot d’ordre auquel ont répondu près de 40 % des personnels (n’en déplaise au rectorat incapable de fournir des chiffres même falsifiés (depuis 2 ans en effet, l’administration essaie de minorer les mouvements en rapportant le nombre de grévistes à l’ensemble des personnels et pas seulement à ceux réellement attendus le jour de la grève).

Depuis, les projets sont devenus des décrets votés le 10 décembre et les masques tombent :

Réforme des lycées adoptée avec 32 pour (dont SGEN-CFDT et SE-UNSA) et 19 voix contre (FSU, SNALC, FO, CGT, SUD). La réforme des lycées version Chatel, revient en réalité à casser l’Education nationale en instaurant 1/3 d’horaires à disposition des établissements. Elle a pour but de supprimer des heures de cours, donc des postes, tout en se targuant d’agir pour le bien des élèves alors que les programmes vont être rédigés à la hâte, au coup par coup, sans réflexion d’ensemble sur les 3 années du lycée et l’évaluation finale, en déséquilibrant encore plus les séries et les voies entre elles, en supprimant une aide individualisée rattachée à une discipline et s’effectuant en groupes de 8 maximum pour la remplacer par une aide personnalisée aux effectifs et buts indéfinis. Elle leurre les élèves en leur faisant croire qu’un stage de quelques heures pourra remplacer un trimestre complet et compromet ainsi leur réussite dans le supérieur.

Réforme concernant le conseil pédagogique et l’autonomie des établissements (26 voix contre, celles de l’UNL et l’UNEF s’ajoutant). En augmentant l’autonomie des établissements, le décret remet en cause les horaires nationaux et donne des pouvoirs accrus au chef d’établissement et au conseil pédagogique dont les membres seront désignés par lui, au détriment du conseil d’administration et de l’ensemble de ses élus (enseignants, parents, élèves, agents) qui seront dessaisis de leurs compétences. Ce décret remet encore davantage en cause l’exercice de la démocratie dans les établissements scolaires.

Le volume des suppressions de postes par académie a également été rendu public le 15 décembre. Avec, pour Lille, 646 nouvelles suppressions (soit 12,5 % du volume national !). Non seulement nos conditions actuelles d’enseignement et le manque de personnels que connaît déjà l’académie ne justifient pas de nouvelles suppressions de postes, mais en plus les effectifs globaux d’élèves sont en hausse de 517 (+ 294 dans le premier degré, + 223 dans le 2d degré (+ 752 en collège, + 948 en LP contre une diminution de 156 élèves dans le post-bac et – 1321 en lycée)), soit une suppression d’un poste d’enseignant pour 0.8 élève en plus ! L’administration elle-même reconnaît le manque de personnels dans l’académie et passe dorénavant par le Pôle Emploi pour recruter des non-titulaires, des collègues se voient refuser une CPA pour l’an prochain pour « nécessité de service » ! Le ministère a prévu de détacher des Professeurs des Ecoles polyvalents pour les affecter dans le 2d degré sans concours alors qu’il augmente dans le même temps le niveau de recrutement des futurs enseignants et CPE !

Officiellement, il ne nous sera annoncé « que » 365 suppressions de postes pour la rentrée 2010, le ministère et le gouvernement « oubliant » dans leurs calculs la suppression des 361 postes de stagiaires (161 ETP) et le passage à 2/3 temps des nouveaux recrutés (121 ETP), allongement de la durée du stage qui se fera au détriment de la formation professionnelle.

A cela, il faut ajouter la dégradation des conditions de travail et le mépris auxquels nous sommes confrontés : partout les effectifs grimpent, la charge de travail s’alourdit par l’accumulation de nouvelles tâches en particulier en collège (tentatives d’imposition des livrets de compétences, de l’Histoire des Arts, note de vie scolaire, B2I ...) et les tentatives de transfert des missions des COP vers les enseignants ; les pressions s’accroissent, qu’elles émanent des chefs d’établissement ou du rectorat, elles touchent les personnels les plus fragiles (TZR, non-titulaires, contrats de progrès), mais aussi les délégués syndicaux ….

La dégradation des conditions d’enseignement fait le jeu du privé : le nombre de postes aux concours du public diminue légèrement et est très largement inférieur aux départs en retraite, alors que celui des concours de l’enseignement privé double.

Enfin, nous n’avons pas obtenu la revalorisation promise par Nicolas Sarkozy dans ses discours de prise de fonction et jamais concédée ; de sombres perspectives s’annoncent concernant les retraites. Plus que jamais, il nous faut réaffirmer nos revendications salariales et sur les pensions, en faisant le lien avec le privé pour ce dernier dossier.

REAFFIRMER NOS REVENDICATIONS POUR LES FAIRE ABOUTIR

Le SNES doit afficher clairement ses revendications :

  Retrait de la réforme des lycées, des décrets EPLE

  Refus de la masterisation Chatel / Pécresse

  Non aux suppressions de postes, oui aux créations des postes de titulaires nécessaires pour couvrir les besoins de l’académie et améliorer les conditions d’exercice

  Rattrapage salarial (dans l’immédiat + 9 %, puis 20 % pour compenser les pertes enregistrées depuis 20 ans) et revalorisation de l’ensemble de la profession

PLAN D’ACTION

Tout cela impose une réaction rapide, d’ampleur, inscrite dans la durée et prenant en compte la nouvelle donne syndicale. Le conseil syndical du SNES de Lille réuni le lundi 11 janvier 2010 appelle à :

– Multiplier les heures d’information syndicale et les rencontres avec les parents, envoyer des communiqués de presse pour informer sur le contenu des décrets ;

– Discuter des suites à donner au mouvement par des actions locales et académiques ;

– Soutenir les actions des lycéens contre les décrets et les suppressions de postes ; d’ores et déjà, le conseil syndical appelle les personnels à manifester à leurs côtés le jeudi 14 à 14 h 30 (départ République à Lille) ;

 Refuser collectivement toute initiative visant à anticiper la mise en place des décrets ;

 Mettre en échec les expérimentations en collège (voir modalités)

 Mettre en échec le conseil pédagogique (boycott, réunion de l’ensemble des personnels, etc …)

 Investir les journées banalisées prévues par le ministre pour débattre de la réforme des lycées

 Boycotter les CA et voter contre la répartition des 646 suppressions de postes dans les conseils d’administration d’établissements

 Assurer la réussite de la journée de grève du jeudi 21 janvier en donnant une visibilité Education et 2d degré

 S’inscrire pour les bus pour participer à la manifestation nationale du samedi 30 janvier

Le conseil syndical demande également un plan d’action national :

– Si la grève du 21 est réussie, le conseil syndical propose une nouvelle grève dès le 26 dans le cadre de la poursuite de l’action

– Dans tous les cas, le conseil syndical estime que chaque établissement doit rester dans l’action et porter nos revendications. Cela peut prendre par exemple la forme d’une soirée « débat » entre le 21 et le 30.

– Puis, dès la rentrée de mars, une grève nationale avec 2 jours consécutifs précédée par un dispositif de grèves académiques par zones, organisé nationalement.

Pour : 55
Contre : 0
Abstentions : 0
Refus de Vote : 0