Les 5 et 6 novembre, à Paris,  le SNES a réuni les représentants de 16 Académies investis dans un travail syndical disciplinaire. D'autres pris par des tâches d'organisation et par la nécessaire participation aux multiples initiatives, liées au projet de budget, n'ont pu faire le déplacement.

 

 

La réécriture des programmes, les projets de réforme de la classe de troisième, la diversification, et le rôle que l'on voudrait faire jouer à la « technologie » étaient au cœur des débats.

 

Petit aperçu de ces 48 heures ...

 

 

Un bilan de la situation

 

Seize académies étaient représentées (dont celles de Martinique et de Guadeloupe). Un tour de table a permis de brosser un tableau de la situation de la technologie. Partout le constat est le même, d'un établissement à l'autre, il règne la plus grande diversité :

  • Effectifs des groupes ou des classes là où on travaille en classe entière
  • Horaires dévolus à la techno
  • Matériel disponible et équipement des salles
  • Octroi de l'heure de laboratoire
  • Maintenance du matériel informatique
  • Contribution financière des familles aux objets fabriqués
  • Intervention en SEGPA et dans les IDD
  • Mise en place du B2I
  • Formation continue, réunions de secteur et centres ressources

 

Partout règne la débrouille, chacun doit batailler avec son principal, voire avec le conseil général, pour pouvoir enseigner dans des conditions décentes. Au-delà de l'énergie que cela demande, l'extrême diversité des situations empêche la technologie d'avoir sa propre identité et d'être reconnue comme une discipline à part entière, alors que le contenu de ses programmes, la spécificité de son fonctionnement, la démarche pédagogique qu'ils induisent devraient être autant de facteurs unifiants, vecteurs de sa reconnaissance.

 

 

Une table ronde exceptionnelle

De gauche à droite :

J.Lebeaume / D.Dédale-Deschamps/

P.Joutard / G.Jean /

 

 

Il s'est ensuite tenu une table ronde exceptionnelle de par la qualité et la diversité des intervenants :

  • Philippe Joutard, président du groupe d'experts chargés de la refonte des programmes de technologie
  • Joël Lebeaume, chercheur, universitaire, professeur ENS CACHAN
  • Gisèle Jean, co-secrétaire nationale du SNES
  • Des représentants des trois associations de professeurs de techno (Pagestec, AEAT, ASSETEC)
  • Les représentants des académies
  • Des membres d'autres groupes disciplinaires

 

Gisèle Jean a ouvert le débat en soulignant la volonté qu'avait Luc Ferry de méconnaître notre discipline.

 

Joël Lebeaume a ensuite retracé l'histoire de l'enseignement de la technologie, montrant que des tensions ont toujours existé entre :

  • Sciences et techniques
  • Les tenants des travaux domestiques, ceux des travaux artisanaux et ceux des pratiques industrielles
  • Les formes de pédagogie

 

Après cet historique, le Recteur Joutard a parlé du futur de la techno en présentant ses travaux à la tête de la commission d'experts chargée de la refonte de nos programmes. Faisant part notamment de son souci d'éviter toute rupture avec les programmes actuels (ce que d'ailleurs lui reproche le président de la Commission Nationale des Programmes). Dans son pré-rapport, il propose que la techno serve à rendre intelligible le monde technique aux élèves, à les préparer à la maîtrise de l'outil informatique et à contribuer à l'élaboration de leur projet personnel. Il souhaite élargir les champs technologiques abordés (agroalimentaire, bâtiment...) Il défend la pédagogie de projet.

 

Lors du débat qui a suivi, il a été essentiellement question de la place de la technologie dans les enseignements du collège et de la survie de notre discipline. Extraits :

  • Il faut montrer ce qui marche en techno. Parler des problèmes ne peut qu'encourager à supprimer la techno ...pour supprimer les problèmes qui vont avec.
  • Plus que montrer ce que l'on y fait, il faut montrer ce que l'on  y apprend.
  • Les choix effectués pour notre discipline relèvent davantage de soucis économiques que pédagogiques.
  • Il y a danger à voir les profs de techno devenir des profs d'orientation.
  • On ne peut pas passer notre temps à justifier notre existence.
  • Il est difficile, même pour nous enseignants de techno d'avoir une image précise de ce qu'est notre discipline.
  • Une discipline se définie plus par sa démarche que par ses contenus.
  • La technologie est un élément de culture commune et contribue à la compréhension de la complexité du monde.
  • Ce que l'on apprend aujourd'hui fait la société de demain. On peut s'inquiéter du peu de place qu'occupent les cultures techniques et scientifiques à l'école.

 

 

Le Projet  d'organisation de la troisième.  (2005...)

 

La seconde journée de stage a été consacrée à analyser l'organisation qui est projetée pour la classe de troisième. Il n'y a pratiquement que la technologie touchée dans ce projet :

  • Suppression du quart des cours (passage à 1h30)
  • Le cours commun de technologie est remplacée par 3 options : sciences de l'ingénieur, sciences appliquées et tertiaire.
  • En plus, s'ajoute au choix 3h de LV2 ou 3h de « Découverte professionnelle »
  • De manière facultative l'élève pourra également faire 3h supplémentaires de langue (vivante, régionale ou morte) ou de « Découverte professionnelle » (certains élèves auront donc 6h de « Découverte professionnelle »).

 

Nos interrogations :

  • Les options ne servent visiblement qu'à préparer les options correspondantesde lycée. Pourquoi préparer ces trois là ? pourquoi ne pas préparer à toutes les options de seconde ?
  • Pourquoi la techno devrait-elle être la seule discipline à préparer les options de seconde ? Pourquoi par exemple ne pas mettre des options en anglais (commercial, technique et littéraire) ou en maths ou encore en français ?
  • Qui enseignerait les options, les profs de techno ou des profs de lycée beaucoup plus compétents dans les domaines abordés ? Qui enseignerait la « Découverte professionnelle », des profs de collège ou des profs de LEP ? Que deviennent les profs de techno au milieu de ce méli-mélo ? éviction ? reconversion ? Dans ce dernier cas nous aurions alors 5 cours différents à assurer en troisième (les 3 options plus la « Découverte professionnelle » version 3h et version 6h) bonjour la surcharge de travail !
  • Que deviendraient les programmesde6ième,5ième et 4ième ? Le programme de troisième de technologie est l'aboutissement des programmes de 6ième, 5ième et 4ième. Modifier le programme de troisième c'est entraîner la modification des programmes des trois autres niveaux. Allons-nous devenir une propédeutique du lycée technique ?
  • C'est donc une fois de plus sur la techno que repose la réforme : Parce que notre enseignement est nul (l'agrafeuse...) ? Ou parce que nous avons trop prouvé notre capacité à nous adapter ?
  •  

    Ce que nous constatons, si ce projet abouti:

    • Que la quatrième va devenir un palier d'orientation : Avec les contraintes d'emploi du temps on sera obligé de regrouper les élèves dans des classes en fonction de leurs choix. On retrouvera les bons élèves dans la classe option « sciences de l'ingénieur » et LV2 et ceux en échec dans la classe 6h de « Découverte professionnelle ». C'est le retour des filières.
    • Que ce projet de réorganisation de la troisième n'apporte rien aux bons élèves, ils choisiront toujours l'option qui leur ouvrira le plus de portes. Qu'il n'apporte rien aux élèves en difficulté qui sont plus à l'aise dans une discipline basée sur la pédagogie de projet que dans les cours magistraux qui se profilent derrière les options.
    • La « Découverte professionnelle » n'est pas plus de notre ressort que de celui des autres disciplines. Ce n'est pas parce que le prof de techno connaît la technique de la soudure au chalumeau qu'il connaît le métier de plombier. De même que ce n'est pas parce que le prof de math connaît le théorème de Pythagore qu'il connaît le métier de géomètre... Toutes les disciplines doivent contribuer à l'élaboration du projet personnel de l'élève, sous la conduite du Co-psy.

     

     

     

    En conclusion, ce que nous pourrions proposer :

     

    Oui à la diversité en troisième qui peut sans doute permettre de faire face à l'hétérogénéité des motivations. Mais la techno doit garder son horaire (2 heures) et sa place dans le tronc commun des disciplines. Par contre diverses options facultatives de techno pourraient être créées, au même titre que des options artistiques, culturelles et sportives. Ce n'est pas la techno qui a elle seule va éradiquer l'échec scolaire !

     

     

     

    Faites remonter TOUTES vos remarques ou suggestions, TRES rapidement, en précisant votre Académie, à alain.dalle@snes.edu

    Le débat est ouvert, au Conseil Supérieur de l'Education, il nous faudra, avoir une position claire

     

     

    Didier BELLOUET / Alain DALLE

     

     

     

    Billet d'humeur : UN projet « fabuleux »

     

    Les dindons de la farce

     

    Une fois de plus c'est la techno qui ferait les frais de la réforme. Est-ce parce que nous sommes des supers héros capables de sauver à nous tous seuls les élèves de l'échec scolaire ou parce que nous sommes des supers zéros, des séides accros aux cours sur l'agrafeuse, qu'il convient d'empêcher de nuire ? Résumons :

     

    On nous retire une demi-heure de cours : géant, nous allons devoir encore plus servir de bouche-trous en SEGPA et de volontaires forcés pour les IDD !

     

    On nous retire du tronc commun : génial, déjà qu'on était considéré comme des pas grands choses, là on devient franchement la cinquième roue de la brouette !

     

    On remplace le cours de techno par la découverte de trois options du lycée : fabuleux, au lieu d'avoir un cours à préparer nous en aurons trois ! ...en attendant qu'on juge plus judicieux de nous remplacer par des profs de lycée, plus compétents que nous pour enseigner leurs propres disciplines.

     

    On ajoute deux options de découverte professionnelle : mirifique, ça fait encore deux cours de plus à préparer (et au passage on nous refile très officiellement les élèves en difficulté dont personne ne sait quoi faire) ...en attendant qu'on juge plus judicieux de nous remplacer par des profs de LEP, plus compétents que nous pour enseigner leurs propres disciplines.

     

    Cessez de nous prendre pour des dindes, la farce n'a que trop durée. Cessez d'essayer de nous faire croire que la techno va sauver le collège à elle toute seule. Les profs de techno ne sont pas des Zorro et ne veulent pas finir zozo.

     

                                                                                                                                    Didier BELLOUET