20 mai 2010

Le Snes-FSU dans l’Académie

Texte action adopté par le conseil syndical du 20 mai 2010

Texte action du conseil syndical du 20 mai 2010

Formation des maîtres

Le conseil syndical du SNES de Lille réuni le 20 mai 2010 appelle à la réussite de l’action de refus collectif d’être tuteur d’un stagiaire temps plein pour la rentrée 2010. Par cette action, il s’agit de :

Faire reconnaître la nécessité d’une formation disciplinaire et professionnelle alternant théorie et pratique dans le cadre d’un service allégé (tiers temps maximum).
Lutter contre une pseudo réforme qui a pour seul objectif de supprimer des postes et va conduire à une catastrophe tant du point de vue des personnels que des étudiants et des élèves : affectation à temps plein et formation théorique renvoyée à février mars ; BO sur les programmes de concours et sur l’inscription encore non publiés (alors que les concours auront lieu en novembre et que les étudiants devront s’inscrire d’ici le 18 juin !) ; textes sur les modalités de la validation ou de la rémunération des tuteurs non communiqués ; blocage de centaines de postes empêchant la mobilité choisie de titulaires et ne prenant pas en compte les objectifs que le rectorat s’était lui même fixés (proximité des centres de formation, établissements difficiles évités ....)

Le SNES avait fait le constat que la formation devait être repensée et améliorée, mais il fallait pour cela du temps et une véritable concertation. Le conseil syndical demande solennellement au Ministre et au rectorat de renoncer à son projet et de mettre en place un système où le service à tiers temps du stagiaire s’effectuerait sur les classes du tuteur partiellement déchargé et disponible pour tutorer, avec une formation théorique dispensée lors de journées calendaires. D’ores et déjà, il demande que les 407 postes vacants bloqués dans l’académie soient réintégrés dans le mouvement.

Heures supplémentaires, salaires, temps de travail, emploi

Le conseil syndical appelle également à la poursuite du refus des heures supplémentaires pour protester contre les 646 suppressions de postes, mais aussi parce que nos conditions de travail se dégradent (effectifs en hausse, baisse des horaires disciplinaires entraînant la prise en charge de davantage de classes, qualifications remises en cause ...) et qu’il est inconcevable d’augmenter une charge de travail pour compenser la baisse effective de nos salaires entamée il y a près de 30 ans. Le gouvernement ne doit pas s’abriter derrière les situations de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal pour refuser d’ouvrir le chantier de la revalorisation de nos métiers et de nos rémunérations, pas plus qu’il ne doit – au nom de la réduction des déficits publics dictée par la monnaie unique et le pacte de stabilité – faire porter le poids de la crise sur les salariés (du public et du privé). Pourtant, les nouvelles conditions d’entrée dans le métier et le départ en retraite des générations du baby boom vont nécessiter de rendre attractive la fonction publique sur tous les plans. L’augmentation des salaires est une revendication que le SNES doit continuer à porter.

Les annonces visant à augmenter le temps de travail des enseignants (« chantier » Nicolas Sarkozy après 2012 ou états généraux sur les rythmes scolaires) sont tout aussi inacceptables : elles dénotent une méconnaissance totale de la réalité de nos métiers et oublient que les enseignants n’ont pas bénéficié des baisses successives des horaires hebdomadaires (nos maximas de service ont été fixés en 1950, lorsque la référence était la semaine de 40 h). Nos conditions de travail durant les périodes d’examen se trouvent également dégradées au nom de la démagogique « reconquête du mois de juin ». Le conseil syndical soutient et encourage les actions que pourront mener les correcteurs du bac en juin et juillet 2010 faute d’avoir été entendus les années précédentes.
Le SNES doit continuer à informer et à mobiliser sur ces questions.

Collèges

Dans les collèges, la généralisation des livrets de compétences, destinés à évaluer l’acquisition du socle commun, pose de nombreux problèmes. Il faut rappeler que seuls le niveau A2 et le B2i (compétences 2 et 4) sont exigibles pour le brevet 2010, alors que la session 2011 prendra en compte les 7 compétences attestant la maîtrise du socle commun. Pour la session 2010, le conseil syndical appelle donc les collègues à ne pas renseigner l’attestation de maîtrise des connaissances et compétences dans son ensemble (en 4e comme en 3e), malgré les pressions exercées par certains chefs d’établissement qui confondent tenue (mise à disposition) du livret et validation des 7 compétences.

Les textes en vigueur continue en effet de laisser aux enseignants la maîtrise de l’évaluation des élèves dans leur cadre de leur liberté pédagogique (loi Fillon de 2005). Dans ce cadre, la tenue des livrets de compétences relève d’abord des choix des équipes, dans le respect des choix disciplinaires individuels, et en dehors de toute préoccupation statistique liée au pilotage des EPLE par la performance. D’ailleurs, le livret diffusé par le ministère pour la rentrée 2009 se présente comme un bilan, qui donne lieu à attestation, plutôt que comme un outil d’évaluation formative qui validerait les progrès de l’élève au fur-et-à-mesure de l’avancement dans la scolarité au collège ; la division du livret en blocs de compétences ne permet pas de déterminer, si ce n’est localement et ce n’est pas admissible, à quel niveau d’enseignement telle ou telle connaissance ou capacité doit être évaluer.

Il faut rappeler que les chefs d’établissements ne peuvent pas être des prescripteurs et ne peuvent pas s’immiscer dans nos séquences pédagogiques pour vérifier l’utilisation de la notion de compétence dans nos cours car la notion de “liberté pédagogique” est réaffirmée dans la loi Fillon. La seule obligation réglementaire est de valider le socle en fin d’année de troisième.

Par ailleurs, il faut relancer la pétition lancée par le SNES (http://www.snes.edu/petitions/index.php?petition=16)

Concernant la nouvelle épreuve d’histoire des arts, obligatoire pour tous les élèves à la session 2011 du DNB, ce sont les mêmes textes qui s’appliquent concernant la responsabilité des enseignants en matière d’évaluation. Le chef d’établissement et/ou le conseil pédagogique ne doivent en aucun cas imposer leurs choix, même si les textes régissant la mise en place de ce nouvel enseignement renvoie à l’autonomie locale les modalités d’application. Le conseil syndical condamne le non-cadrage de l’évaluation, en attendant la publication annoncée d’une nouvelle note de service prévue au 2e trimestre 2010. Il exige notamment

 que l’oral obligatoire ne soit pas organisé sur le temps de cours, mais dans le dans le cadre d’une ou plusieurs demi-journées banalisées par exemple.

 que seuls les collègues impliqués dans cet enseignement puissent faire partie du jury, et qu’ils bénéficient d’un temps de concertation

 que seuls des travaux réalisés en classe puissent être évalués

 que l’histoire des arts, qui est un enseignement et non une discipline, ne fasse pas l’objet d’une évaluation trimestrielle, qui minorerait les autres matières du contrôle continu, et s’ajouterait à l’évaluation terminale (coefficient 2).

Sans cadrage qui assure l’égalité de traitement des élèves devant l’examen, et sans moyen (temps de concertation dans le service), l’évaluation de l’histoire des arts en vue du DNB ne peut se dérouler dans des conditions satisfaisantes, ce que montrent les expérimentations déjà menées dans certains établissements. Si les modalités actuelles sont maintenues, le conseil syndical appelle les collègues à mettre en débat l’idée d’une évaluation orale intégrée aux enseignements disciplinaires, pour les professeurs volontaires. A l’issue de l’année scolaire, il suffirait que la moyenne des notes -non coefficientées- de chaque discipline impliquée soit calculée pour obtenir la note finale.

Lycées

Dans les lycées, le conseil syndical appelle les collègues à se saisir de la consultation sur les programmes de 1re et à continuer à dénoncer l’instauration à marche forcée d’une réforme des lycées rejetée par les personnels, en montrant par exemple les conséquences négatives sur les contenus et exigences. C’est le cas en Histoire où l’année de 1re revient à empiler en 4 h ce qui se faisait en 2 ans pour le même horaire hebdomadaire, sans que l’épreuve de fin de 1re S soit définie. En Français, les projets de programme sont très inquiétants : la quantité d’œuvres et de textes à étudier est inversement proportionnelle à la baisse des horaires et le programme extrêmement prescriptif, organisé par siècles, renvoie à une perspective sclérosante de la Littérature, ne tenant pas compte des difficultés des élèves sortant de troisième. Quel est le devenir des épreuves du baccalauréat ?

Pour la réforme de la voie technologique, les programmes des enseignements d’exploration font qu’ils deviennent virtuels et transversaux, il en sera de même pour le cycle terminal amputé de 25 % de ses horaires.

Enfin, cette réforme imposée précipitamment et de façon irréfléchie aura pour conséquence l’absence quasi certaine de manuels à la rentrée de 2de puisque les éditeurs ne pourront envoyer de spécimens que fin août, ce qui engendrera des coûts supplémentaires pour l’établissement (photocopies) et une désorganisation pédagogique préjudiciable. Le SNES rappelle que les groupes de compétences en langue ne sont pas obligatoires. Il appelle les collègues à refuser de s’inscrire dans ces dispositifs qui contribuent à supprimer des heures poste, à trier les élèves et à mettre en cause le baccalauréat.

A cela s’ajoute le scandale de l’affectation des élèves qui envisageraient après la seconde certains bacs STI, un bac artistique ou un bac L avec certaines langues vivantes (italien, portugais, polonais, …). Pour la plupart des élèves, notamment ceux en zone rurale, l’affectation dans l’établissement offrant cet enseignement n’est pas possible. Il y a donc inégalité des élèves face à la poursuite de scolarité. Le SNES appelle à signer la pétition demandant que ces enseignements soient dérogatoires.

Retraites et action

Le conseil syndical appelle à la réussite du jeudi 27 mai, journée de grève intersyndicale et interprofessionnelle pour l’emploi et les salaires, contre une réforme des retraites qui ne vise qu’à diminuer le montant des pensions. Il faut populariser nos analyses (voir publications) et convaincre que d’autres choix sont possibles. Il appelle les collègues à s’investir dans les collectifs existants et à contribuer au développement de nouveaux collectifs. Il appelle à participer aux réunions publiques FSU du 2 juin à Liévin, Douai, Dunkerque et à l’initiative unitaire du 15 juin à Lille.

Le conseil syndical, conscient qu’une seule journée d’action ne suffira pas, appelle les personnels à amplifier la mobilisation jusqu’à l’été et préparer d’ores et déjà un mouvement d’ampleur à la rentrée pouvant prendre la forme d’une grève reconductible dès le jour de la pré-rentrée (AG d’établissement à réunir le 1er septembre) : c’est l’existence même d’un service public d’Education nationale, laïque et de qualité et de la Fonction publique qui est remise en cause par les choix gouvernementaux de ces dernières années. Notre réponse doit être à la hauteur des attaques.

Voté à l’unanimité des présents