Texte action -CAA du SNES de Lille 20 juin 2016
Cette CAA se tient dans un contexte social extrêmement tendu du fait des mobilisations massives contre la loi Travail, de nombreuses mobilisations sectorielles et d’une attitude gouvernementale de plus en plus « problématique » dans un État de droit.
Malgré les tentatives de décrédibilisation du mouvement, malgré les relais médiatiques complaisants qui depuis des semaines annoncent en vain la fin de la mobilisation et cherchent à effrayer la population par la mise en exergue des violences, l’opposition à la Loi Travail est toujours largement majoritaire dans l’opinion publique. La CAA du SNES de Lille appelle à poursuivre et à renforcer la participation aux actions de l’intersyndicale, et en particulier à faire grève le 23 juin et le 28 juin et à participer massivement aux manifestations régionales à Lille (avec le soutien des salariés belges, le 28 ), mais aussi à rejoindre la mobilisation des syndicats belges le 24 juin contre la loi Peeters, pendant législatif belge de la loi El Khomri et du « job act » adopté en Italie dans la droite ligne des orientations libérales de l’Union Européenne.
Elle appelle également les personnels à faire vivre la votation citoyenne qui s’annonce d’ores et déjà comme un succès, à voter et faire voter largement dans les établissements.
La CAA condamne par ailleurs toutes violences d’où qu’elles viennent. Elle apporte son soutien au jeune militant CGT de Valenciennes condamné à 10 mois de prison avec sursis et à une interdiction de manifester de 2 ans dans le Nord pour des faits qu’il a toujours niés. Plus généralement, la CAA dénonce l’attitude du gouvernement qui cherche à dramatiser la mobilisation, à exacerber de toute part les tensions, à jeter le discrédit sur opposants, manifestants et organisations syndicales, à jouer la politique du pire avec comme seuls arguments l’absence d’alternative et les menaces que représentent la droite et l’extrême-droite au lieu d’entendre la majorité de la population et de nouer un véritable dialogue.
En ce qui concerne l’Éducation
Réforme du collège, non remise à plat de la réforme du lycée, contrat d’objectif, autonomie locale, passage automatiquement dans le niveau supérieur, attaques réitérées contre le bac accusé d’être trop coûteux, trop stressant voire trop sélectif, dévalorisation des BTS, multiplication des contrôles en cours de formation, c’est une remise en cause idéologique du second degré qui est à l’œuvre dont les conséquences sont graves.
Les personnels sont niés dans leur rôle d’expertise au contact des réalités du terrain, leurs métiers sont dévalorisés. Les élèves et leurs familles sont leurrés, leur capacité à acquérir des diplômes exigeants niée.
Le SNES doit se mandater pour être dans l’action dès la rentrée de septembre sur ces points.
Le SNES-FSU doit saisir le CHSCT-MEN sur les conséquences de ces directives de l’institution (passage automatique dans les classes supérieures, dessaisissement du choix des étudiants de BTS, etc) sur les conditions de travail et la sérénité des personnels.
la CAA dénonce les nouvelles règles d’orientation en 2de GT et en 3e : elles désaisissent de fait les personnels de leur rôle de conseil et obligent le conseil de classe (ou son président) à prononcer une orientation avec laquelle ils ne sont pas d’accord. Elles sont très inquiétantes pour des élèves que l’institution envoie vers des difficultés certaines avec toutes les conséquences que l’on peut prévoir en terme de décrochage et de ressentiment contre l’institution, voire toute la société, qui aura leurré ces élèves.
En outre, ces nouvelles règles aboutissent à une forme de « passage automatique dans la voie technologique », considérée implicitement par l’administration comme accessible sans aucune exigence concernant les acquis scolaires attendus en fin de 2de GT. Le SNES dénonce le mépris et le cynisme de l’institution pour les élèves en difficulté et pour les sections technologiques. Les hiérarchies symboliques entre voies et séries – et singulièrement la dévalorisation de la série STMG - sont encore aggravées par ces mesures, ce qui provoque de la colère en salle des profs. Le passage automatique dans la classe supérieure aura aussi des répercutions sur les élèves sans difficultés, qui n’auront plus besoin de travailler pour réussir. Les professeurs auront encore plus de mal à faire comprendre le sens de leurs exigences.
Enfin, les conséquences en terme d’effectifs n’ont pas été anticipées par le ministère et les classes vont être surchargées dans certaines séries, notamment technologiques, et aussi en Terminale n’offrant donc aucune chance de réussite à des élèves dont les conditions d’étude seront dégradées.
La CAA demande que l’administration effectue un bilan précis (la question sera posée au recteur de Lille en CTA jeudi 23) :
– comparaison des décisions des conseils de classe et de la décision finale des familles
– comparaison des vœux 1 des élèves et de la décision finale des familles
– comparaison du nombre de doublements en 2015 et 2016
– comparaison du nombre d’orientations en LP en 2015 et 2016
Le SNES exige du MEN, la remise à plat de ces nouvelles règles que le rôle du conseil de classe lui soit rendu, à savoir donner les meilleurs conseils d’orientation possible à l’élève en fonction de ses vœux et de son niveau.
Enfin, elle demande que des mesures d’urgence soient prises (ouvertures de classes, augmentation des dotations etc.) pour accueillir les élèves dans de bonnes conditions.
Elle appelle les personnels et les S1 à faire remonter au S3 toutes les informations dont ils disposent à ce sujet.
Les nouvelles règles concernant le doublement en terminale vont également créer des problèmes (effectifs, cohérence du groupe-classe, « bac à la carte », etc...), le ministère doit clarifier les règles d’accueil des élèves et abonder les dotations des établissements.
En ce qui concerne les affectations post-bac en BTS et les quotas de bac pro imposés, la CAA alerte sur les disparités de traitement entre les académies, le déséquilibre des formations et la mise en cause de la valeur du diplôme. L’affectation des bacs pro en BTS ne doit pas se faire au détriment des bacheliers de la voie technologique. Cette question doit être traitée au niveau national pour garantir l’avenir des BTS.
Professeurs documentalistes :
Il est inacceptable que les dispositions du décret d’août 2014 sur le décompte des heures d’enseignement des professeurs documentalistes ne soient pas mises en œuvre. Le Snes de Lille constate que, si de nombreux collègues ont obtenu le décompte de leurs heures, d’autres ont subi de réelles pressions de la part de leur chef d’établissement et, qu’en l’état des choses, chaque professeur documentaliste doit encore négocier au local pour faire valoir ses droits.
Nous ne pouvons nous satisfaire d’une pétition intersyndicale ; il est urgent que le Snes intervienne auprès du Ministère pour que des directives nationales soient données – afin que les textes soient appliqués.
Concernant le collège, l’année scolaire a été marquée par des mobilisations nationales réussies pour peser sur la préparation de rentrée 2016, et par des luttes locales manifestant le rejet de la « formation » imposée à la réforme. Ces actions ont contraint le ministère à majorer les DGH collège afin qu’elles ne soient pas un motif supplémentaire de colère, et amené le rectorat à un repli défensif sur les journées de formation en établissement, ce qui a pu rendre la contestation moins visible au 3e trimestre.
Le prochain temps fort de cette lutte de fond sera la rentrée scolaire 2016, sur laquelle les projecteurs seront braqués pour deux raisons : elle verra l’entrée en application des textes réglementaires du 19 mai 2015, et il s’agira de la dernière rentrée avant les échéances politiques majeures de 2017.
Face à un gouvernement qui tentera de démontrer sa fermeté réformatrice en matière éducative, le SNES devra peser de tout son poids et donner le ton dans le débat public en matière d’éducation.
Dans cet objectif, la CAA de Lille demande la mise en œuvre d’un programme de mobilisation générale du second degré, incluant les problématiques collège et lycée, en vue d’un appel à la grève au plus près de la rentrée, et qui serait décliné de la manière suivante :
– la communication du Snes en direction de l’opinion publique devra prendre le contre-pied de celle de la Ministre pour démontrer que la formation à la réforme est un échec, et que sur le terrain les dispositifs emblématiques sont inapplicables car non financés (AP), et désertés ou contournés (EPI) parce qu’ils sont sources d’inégalités. Plus largement, il s’agit d’argumenter sur une rentrée au rabais : rabais sur les grilles horaires et les enseignements ambitieux au profit de dispositifs cantonnés au socle et de l’attractivité de l’enseignement privé ; sur la formation continue des personnels réduite à une information institutionnelle ; sur le financement des manuels au collège ; rabais sur la notion d’examen national (DNB) réduite à la certification locale ; rabais sur les Segpa, sous couvert d’inclusion. Loin des ambitions premières de la refondation, les politiques publiques veulent faire entrer le second degré dans l’ère du « low-cost » éducatif où prime la gestion des flux (question du redoublement) quand il n’est plus question de prendre à bras le corps la question de l’échec de masse, et donc celle de la démocratisation.
– la résistance pédagogique doit franchir un palier, et encourager les équipes à refuser de formaliser et de rendre compte de tout projet sous l’étiquette EPI : si les grilles horaires entrent en vigueur en dépit de nos actions, faisons en sorte que les pratiques pédagogiques ne soient pas impactées : elles ne doivent pas être placées sous la tutelle du chef d’établissement. Remettre en cause les EPI, c’est dénaturer une réforme qui se veut pédagogique.
– à cette fin, l’appel à la résistance pédagogique doit être complété par la production d’outils alertant la profession sur la nocivité des instances pédagogiques mobilisées pour accompagner la réforme et encadrer le travail enseignant : conseil pédagogique, conseil école-collège, et surtout conseil de cycle. Le travail en équipe doit rester à l’initiative des professeurs pour être efficient, sous peine de devenir prescriptif et déconnecté des enjeux pédagogiques comme le montre l’exemple des réunions REP+ imposées.
– De façon synthétique, il faut informer les collègues de l’alourdissement de la charge de travail liée à la mise en place du LSUN, et aux nouvelles modalités d’évaluation du DNB.
Le calendrier de cette mobilisation générale doit s’appuyer sur la fin d’année scolaire, à l’occasion des épreuves du DNB et des dernières journées de formation où doit être annoncée la grève de rentrée, qui sera précédée d’une pré-rentrée revendicative marquée par des réunions syndicales annonçant l’action et diffusant notre argumentaire.
Les questions lycées doivent faire l’objet d’une re-mobilisation, à la fois suivant l’axe du bilan de la réforme du lycée, et en faisant le lien avec la réforme du collège et les nouvelles règles de redoublement.
PPCR
Si l’avancement unique annoncé pourrait sensiblement assainir la relation au travail et à la hiérarchie en nous permettant de nous recentrer sur l’essentiel, le travail avec les élèves, ce dont nous nous félicitons, la CAA est opposée à l’option retenue de prime abord par le ministère de faire avancer tout le monde au choix, même si c’est un choix amélioré. En effet, les enseignants et CPE méritent d’être traités à égalité avec les corps d’inspection et les chefs d’établissement, donc d’avancer au rythme le plus favorable.
Ensuite, si on retire le grand choix qui concernait 30 % des promouvables et que l’on fait passer les 20 % promus à l’ancienneté au choix, avec un gain de quelques mois pour tous, l’opération qui va se dérouler sera blanche pour le ministère.
Afin de mobiliser la profession le cas échéant, le SNES-FSU se doit de :
– continuer à informer de façon régulière les collègues de l’avancement des négociations (textes ministériels et analyse du SNES) ;
– pointer de façon claire auprès d’eux les désaccords que nous avons sur les dossiers étudiés (notamment le refus d’une classe exceptionnelle dont nous savons bien comment elle sera attribuée) ;
– maintenir les exigences de revalorisation pour tous, et d’accès de tous aux 3 grades ;
– maintenir sa vigilance sur le dossier « évaluation » qui ne doit pas aboutir au renforcement des pouvoirs des chefs d’établissement.
Si les textes restent en l’état, la FSU ne doit pas valider par un vote pour ou en abstention ce texte.
Enfin, nous allons entrer dans une période de flottement, nous avons déjà beaucoup de réactions lors des permanences syndicales, et pas seulement sur les applications techniques des futurs textes. Par exemple : à quoi vont servir les inspections dorénavant et comment se dérouleront-elles ? Comment va évoluer le barème hors-classe ? Quid des notes ? Il faudra donc rapidement clarifier nationalement ces points quand les discussions ministérielles seront terminées et obtenir des textes de cadrage clairs et sans ambiguïté, sur le modèle de ce qui a été obtenu dans l’académie de Lille pour la hors-classe des certifiés, afin d’éviter que ne s’installent de nouvelles dérives académiques comme celles que nous avons connues et connaissons encore (hors-classe, mouvement intra, etc.).
La section académique demande qu’un courrier de S1 soit élaboré afin que les militants puissent discuter avec leurs collègues et que les revendications précises portées par le SNES soient rendues publiques sur chacun des points de la négociation (ainsi que celles des autres organisations syndicales participant aux discussions, il faut déjà penser aux élections professionnelles de 2018).
Unanimité des 36 présents
Motion de soutien à la CGT et de dénonciation des attaques anti-syndicales
Le SNES et la FSU face à la région Nord-Pas-De-Calais-Picardie