Près de 2 ans après son arrivée au pouvoir, toutes les décisions gouvernementales votées par la majorité parlementaire s’inscrivent dans continuité de la politique néo-libérale menée par la majorité précédente et de celle de l’ensemble des gouvernements européens. Cela se traduit, comme partout en Europe, non seulement par une explosion du chômage, de la pauvreté et de ses corollaires (renoncement aux soins, décrochage scolaire, problèmes d’alimentation voire de faim, précarisation des retraités et personnes âgées), de la destruction des Services Publics, de l’éclatement de la cohésion sociale et de la mise en péril croissante de la démocratie. Les inégalités et la xénophobie gagnent partout du terrain. Les droits acquis, y compris sur les questions de société et les avancées sociales du CNR, sont peu à peu remis en cause. En France, le gouvernement cède à la droite même sur les questions de société en remettant à plus tard l’examen du projet de loi sur la famille. En matière de droits des étrangers, la même politique d’exclusion continue. L’amnistie est refusée aux militants victimes de la répression. En ce qui concerne la campagne unitaire contre l’extrême-droite, la FSU 59/62 s’engage à y prendre concrètement toute sa place en organisant une initiative d’ici fin mai. Elle prend d’ores et déjà les contacts nécessaires.
Sur le plan économique et social, les cadeaux faits au patronat - via le pacte de responsabilité -, la fin de la contribution des entreprises à la branche famille de la sécurité sociale en 2017, le cap mis fortement sur la baisse des dépenses publiques …. mettent un peu plus en péril toute perspective d’une amélioration de la situation économique et sociale des salariés. La casse de la protection sociale s’accélère, et notamment son financement fondé sur la cotisation sociale. Pour la première fois depuis 1945, c’est toute une branche de la Sécurité Sociale qui ne sera plus financée par la cotisation. La réforme fiscale envisagée en novembre semble bel et bien enterrée. Le pouvoir d’achat des retraités, déjà en régression, est amené à en subir de nouvelles avec l’application d’une réforme des retraites de 2013 dans la continuité de celles des gouvernements précédents. La loi sur la perte d’autonomie, en cours de rédaction, s’éloigne du financement public et solidaire fondé sur les branches existantes de la sécurité sociale.
Face à cela , la construction d’une action syndicale offensive est nécessaire. Elle ne doit pas se faire au prix d’une unité de façade qui en rabat largement sur nos revendications. Les CDFD 59 et 62 sont sur ce point en désaccord avec le texte commun de janvier signé avec la CGT, la CFDT et l’Unsa qui se contente de demander des contreparties ce qui revient à s’inscrire dans la logique du pacte de responsabilité. A cet égard, notre conception du rôle des organisations syndicales soucieuses de la défense des salariés du public et du privé est qu’il ne faut pas participer à des négociations consistant à aménager des initiatives qui multiplient les cadeaux au patronat et aux entreprises, systématiquement au détriment des salariés.
La FSU 59/62 appelle à participer aux mobilisations interprofessionnelles offensives, comme celle du 19 février à Béthune. Concernant les retraités, elle appelle avec la SFR 59/62 à des actions unitaires, notamment les 1er avril et 2 juin 2014, sur une plate-forme excluant tout recul social (alignement de la CSG des retraités sur celle des actifs par exemple).
La Fonction Publique et les Services Publics sont fortement menacés, à la fois sur le plan idéologique, politique et sur le plan économique. Volonté de réduire les missions des services publics, reprise possible de préconisations du rapport Pêcheur, loi de décentralisation en cours d’élaboration, mise en œuvre d’un nouveau système de rémunération au mérite, blocage continu des salaires jusque 2017. La FSU doit porter dans la prochaine intersyndicale prévue le 21 février le mandat d’une grève début avril avec, notamment, la revendication de hausses conséquentes des salaires et des pensions. L’unité doit être recherchée avec les autres organisations sur la base d’un plan d’actions enclenché dès le mois d’avril avec des grèves et des manifestations. Ce plan doit être précédé d’une campagne de sensibilisation.
Dans l’Éducation, les attaques sont également continues. La rentrée 2014, pour ce qui est des éléments connus à ce jour, sera difficile dans les collèges et lycées de nos deux départements. Face à une difficulté scolaire et sociale accrue, et après plusieurs milliers de suppressions de postes cette dernière décennie, les créations sont extrêmement maigres : 10 postes en tout et pour tout pour le second degré. Traduction dans les faits : hausse des effectifs, baisse de l’offre, fermeture de segpa, réduction du périmètre des réseaux de l’Éducation prioritaire... De fait pour les élèves, cela signifie un abandon réel des élèves les plus fragiles, un renoncement à l’idée même de démocratisation et de réussite. Et, pour les personnels, une précarité accrue et des conditions de travail encore dégradées. Plus grave, la mise en place forcée d’expérimentations type école du socle met à mal la spécificité de l’école et du collège, et ce au détriment de la réussite des élèves. Enfin, la FSU 59/62 dénonce l’opacité dans laquelle se déroule la fermeture des internats d’excellence - auxquels elle s’est toujours opposée - et leur transformation en établissements pour élèves décrocheurs.
Dans le supérieur, la situation des universités de l’Académie est à l’image de celle des autres universités de France : l’insuffisance des dotations budgétaires conduit, de fait, à supprimer un nombre important de postes vacants, à licencier des contractuels, à réduire l’offre de formation, à obliger les laboratoires à rechercher des contrats auprès d’entreprises qui leur sous-traitent la recherche et bénéficient ainsi du crédit impôt-recherche. La nouvelle réforme de la formation des enseignants (conduite à moyens au mieux constants, au pire en diminution) épuise étudiants et personnels des ESPE, les premiers devant mener de front master, préparation du concours et mise en situation professionnelle ; les seconds devant mettre en place dans l’urgence, la nouvelle structure des ESPE et des nouvelles maquettes de formations à adapter aux nombreuses situations d’étudiants lauréats ou non du concours. Tout ceci dégrade gravement les conditions d’étude des étudiants et de travail des personnels. En outre, le statut des enseignants-chercheurs reste attaqué avec une modification du décret statutaire qui ne revient sur aucune des dispositions nocives introduites en 2009 (en particulier la modulation des services d’enseignement et l’évaluation non confidentielle récurrente).
La FSU appelle à des initiatives pour les contrer. Les attaques contre les statuts ainsi que le non-respect des droits syndicaux et le refus de communication des documents complets de préparation de rentrée sont également inacceptables. La FSU appelle à soutenir toutes les actions qui pourront être mises en place pour exiger des moyens supplémentaires, de meilleures conditions de travail et d’enseignement. La FSU appelle à signer la pétition sur les ESPE.
Dans le premier degré, des considérations politiciennes conduisant à reporter les opérations de carte scolaire après les élections municipales. Cela aura des incidences néfastes sur les personnels et sur le calendrier du mouvement. Nous ne pouvons pas accepter ce report.
La loi sur la formation professionnelle est également lourde de conséquences en termes d’éducation par la mise en cause du service public national de l’orientation scolaire et la carte des formations professionnelles.
En outre, elle ne prévoit aucune amélioration d’accès à la formation pour les publics qui en sont largement exclus comme les privés d’emplois ou les précaires.
Depuis juillet 2013, la loi sur la formation professionnelle donne des nouveaux pouvoirs importants aux régions : après accord avec le recteur, la région arrête la carte des formations professionnelles initiales et est associé aux décisions d’ouvertures et suppressions de formations par apprentissage en s’appuyant sur les branches professionnelles. La FSU dénonce ce transfert de responsabilité contraire aux intérêts des élèves et des familles et au détriment du service public d’Éducation.
La campagne électorale qui s’ouvre pour la préparation des élections professionnelles de la fin de l’année dans les Fonctions Publiques doivent être l’occasion de mettre en avant et de diffuser largement les propositions que nous portons, pour des services publics plus forts et pour une société plus juste.