Le rectorat a présenté son bilan des promotions lors d’un groupe de travail qui s’est tenu au mois de décembre, et qui a précédé le CSA du 23 janvier 2024.
Cette année encore, les représentants de la FSU ont pu se satisfaire de voir leurs interventions et leurs protestations entendues par l’administration. En effet, lors des précédentes campagnes, les représentants du SNES et de la FSU avaient pointé du doigt le manque de transparence des opérations de carrières pour les agents, l’absence de possibilité, pour celles et ceux qui sont promouvables, de pouvoir vérifier leur dossier en amont des opérations, puis le manque sidérant de communication de la part de l’administration une fois les arrêtés publiés.
Suite à nos interventions, et pour chacune des opérations de carrières, l’administration a communiqué à chaque agent :
– avant les opérations de promotions : leur barème, et les éléments constituant celui-ci (points, avis recteur/ ministre, etc)
– après les opérations : leur résultat individuel, ainsi que les critères de départage ( barème du dernier promu, critères de départage, etc.). Seul manque dans la communication du rectorat, le rang des personnels qui n’est toujours pas communiqué à l’issue des opérations de carrière, et que nous ne cessons de réclamer.
Ce bilan positif, qui représente une nouvelle victoire de la FSU au bénéfice des personnels, est toutefois à temporiser face à d’autres évolutions que nous avons pu dénoncer cette année :
– Recul de l’administration vis à vis de l’égalité professionnelle : Alors que l’administration s’est engagée à réduire les écarts de carrières et de rémunérations entre les hommes et les femmes, notamment au travers de son plan académique d’actions, nous constatons cette année que les équilibres ne sont pas tenus pour tous les corps, ni pour toutes les opérations de carrières. Ces inégalités sont d’autant plus marquées chez les agrégés, corps où les rémunérations sont les plus élevées, et les PEPS (Professeurs d’EPS) où les inégalités sont présentes à chaque opération de carrière et plus particulièrement pour l’accès à la classe exceptionnelle.
Pour cause, une évaluation qui n’est pas exempte de biais genrées et qui pénalisent les femmes. Pour preuve, pour l’accès au second vivier de la classe exceptionnelle, pas une seule femme n’a été, au regard de l’administration, exceptionnelle pour cette campagne 2023. En effet, les avis portés prennent trop souvent en compte des missions annexes, qui ont déjà fait preuve d’une reconnaissance financière sous forme indemnitaire et qui sont bien souvent effectuées par les hommes. De fait, cette double valorisation pénalise fortement les femmes dans l’accès au grade supérieur. Le SNES-FSU exige que l’appréciation portée sur la carrière se base sur les missions statutaires des personnels, sans limite de quotas et puisse faire l’objet d’une contestation devant la CAPA.
– Quelles perspectives pour la nouvelle classe exceptionnelle ? Nous avons interrogé l’administration sur la manière dont elle pense pouvoir anticiper et pallier aux nouvelles inégalités qui seront générées par les nouvelles modalités d’accès à la classe exceptionnelle (voir les nouvelles modalités et l’analyse du SNES-FSU) , ou encore sur les éléments qu’elle sera en capacité de communiquer aux personnels compte tenu de l’absence de barème. A ce jour, nous n’avons toujours aucune réponse à nos interrogations ou à nos alertes.
Le groupe de travail relatif aux nouvelles lignes directrices de gestion académiques du 14 février sera une nouvelle occasion pour le SNES et la FSU de porter notre analyse, nos questions et nos revendications en matière d’égalité professionnelle mais également sur la carrière des personnels et l’accès à classe exceptionnelle pour toutes et tous.
Les élu
e s du SNES et de la FSU agissent avec conviction et persévérance pour défendre les personnels, qu’il s’agisse de leurs salaires, de leurs carrières ou de leurs conditions de travail. C’est pourquoi ils appellent les personnels à poursuivre et à amplifier la mobilisation le mardi 6 février !Déclaration des représentants de la FSU au GT « Bilan LDG promotions et carrières » du 13 décembre 2023
Mesdames et mesdames,
Nous vous proposons de renommer ce GT « Bilan LDG » en « GT promotions, carrières et inégalités salariales entre les hommes et les femmes ».
En effet, à la lecture des documents préparatoires qui nous ont été transmis, nous constatons et une fois n’est pas coutume qu’à la course pour l’égalité, l’académie de Lille ne se distingue toujours pas de la meilleure des façons. Alors qu’elle aurait pu prétendre à une médaille olympique, en plein audit AFNOR sur l’égalité et la
diversité, l’analyse de la dernière campagne, qui nous occupe aujourd’hui, nous montre au contraire que l’académie de Lille a déclaré forfait pour l’axe 3 du plan académique.
Vous aurez bien évidemment relevé la métaphore voulue autour du sport visant à dénoncer notamment le constat scandaleux du traitement fait aux femmes dans le corps des PEPS et ce pour toutes les opérations de carrières de la campagne 2023. De l’évaluation dont les modalités sont toujours genrées et discriminantes (comme dans tous les corps) jusqu’à la promotion qui ne respecte pas les équilibres prévus.
Aussi concernant le contenu des documents, nous attendons un éclairage et des réponses de la part de l’administration sur ces questions :
– Qui fait les tableaux de promotions et veille à l’équilibre et au respect des LDG ?
– Comment sont établies les statistiques indiquées sur les arrêtés de promotion ?
– Comment l’administration procède-t-elle à la répartition des avis recteur pour la classe
exceptionnelle ?
– Comment l’administration compte-t-elle rattraper les pertes pour les personnels concernés cette
année lors de la prochaine campagne ?
Ces questions sont d’autant plus pressantes que les nouvelles modalités d’accès à la classe exceptionnelles risquent d’accroître les inégalités existantes et que nous n’avons pour l’heure toujours aucune réponse de la part de l’administration sur la manière dont elle compte éviter de creuser davantage les inégalités de carrière.
Par ailleurs, lutter contre ces inégalités, rattraper celles creusées depuis des années, nécessite plus qu’une campagne de communication et un label, mais doit reposer sur une réelle volonté politique et académique et surtout se traduire par des actes concrets.
Peut-on imaginer, plutôt que de respecter les équilibres des promouvables hommes/femmes lors des opérations de promotion, de les dépasser pour féminiser par exemple davantage le corps des agrégés, ou encore rattraper les retards de carrière et salariales en favorisant l’accès à des grades mieux rémunérés ?
La FSU continue de dénoncer la mise en œuvre de la loi de Transformation de la Fonction Publique qui, en instaurant l’opacité dans les opérations de carrière et de promotion participe au creusement des inégalités, mais également au sentiment de suspicion et de mépris de la part des collègues qui se voient refuser l’accès à une promotion. Sentiment particulièrement renforcé pour l’accès au corps des agrégés par liste d’aptitude où les collègues ne disposent d’aucun élément objectif pour comprendre les choix qui sont faits et les modalités de départage des candidatures.
En l’absence de la revalorisation historique pourtant promise pour toutes et toutes, mais surtout pour toutes, depuis la dernière campagne présidentielle, les opérations de carrière et de promotions restent la seule perspective d’amélioration des rémunérations pour les collègues situés en milieu et fin de carrière. L’attention doit donc également être portée sur l’ancienneté des promouvables et permettre une rotation des promotions au bénéfice de tous les agents et de facto au bénéfice du service public d’Éducation Nationale, qui - sauf erreur de notre part- ne peut plus se permettre de faire partir davantage ses personnels formés et qualifiés faute de rémunération à la hauteur des enjeux de leurs missions de service public.
Redonner de l’attractivité à nos métiers passera indéniablement par de meilleures rémunérations, mais également une meilleure considération, de meilleures perspectives de carrière, ainsi qu’une gestion des carrières plus juste et égalitaire.
Compte tenu de la crise que nous traversons, nous savons toutes et toutes que la pierre angulaire nécessaire à la résolution de la situation de crise, ce sont les femmes qui mériteraient bien elles aussi un quoi qu’il en coute !
Nous finissons cette déclaration sur une note positive en remerciant les services d’avoir pris en considération dans les opérations de carrière les demandes de la FSU concernant la communication faite aux agents. Nous ne doutons que nos demandes en termes d’égalité seront elles aussi entendues.