Les lycées généraux et technologiques sont en effet toujours enlisés dans le fonctionnement issu de la réforme de 2010 : autonomie locale qui fait éclater le cadre national de l’éducation, et oblige les équipes à négocier chaque année leurs conditions de travail ; accompagnement personnalisé qui, souvent, laisse élèves et enseignants perplexes (au mieux) ; statut d’enseignement d’exploration qui empêche une vraie découverte pour les disciplines nouvelles ; remise en cause du bac comme diplôme national (développement de l’évaluation locale et “en cours d’année”) ; dénaturation de certaines disciplines, avec à la clef l’explosion de la souffrance au travail pour les enseignants, etc. Le Ministère a fait un "bilan"... essentiellement fondé sur l’autosatisfaction, et l’aveuglement face aux difficultés que rencontrent les personnels pour faire leur métier à cause de cette réforme.
La réforme du collège imposée en cette rentrée reprend – souvent en pire ! - de nombreux aspects de la réforme du lycée... Mais tout porte à penser que le « boomerang » va revenir en lycée, et d’ailleurs F. Hollande lui-même annonce que le lycée est « la prochaine étape de [ses] réformes ». D’abord, tout simplement, les lycées accueilleront dès l’an prochain des élèves qui auront subi la réforme du collège, avec ses remises en cause des savoirs disciplinaires, entre autres. Mais ce n’est pas tout : outre les consignes, déjà souvent données en lycée, pour se préparer à prendre en compte le « livret scolaire unique » qui attestera des « compétences » des élèves du CP à la 3e, on sait que le ministère réfléchit déjà à revoir les programmes de lycée pour les mettre en cohérence avec ceux issus de la réforme du collège... On saura bien nous expliquer qu’il faut « adapter les pratiques » (et ensuite le bac ?) aux élèves « refondés ».
En attendant, les effectifs par classe explosent, en particulier en 2de GT : les classes aux effectifs surchargés représentaient, à la rentrée 2015, plus du tiers des classes de 2de GT, contre moins d’un quart avant la réforme du lycée. Et si les classes aux effectifs « chargés » (entre 30 et 34 élève) sont moins fréquentes, ce n’est pas le signe d’une amélioration, puisque dans le même temps, les classes de moins de 30 élèves, qui représentaient plus du quart des classes à la rentrée 2009, en représentaient moins d’un cinquième l’an dernier...
Et les chiffres précis du ministère ne permettent de « voir » la situation qu’avec un an de décalage. Or, avec des recrutements insuffisants, et 48 000 élèves supplémentaires (au moins) prévus pour cette rentrée en lycée, il n’est pas difficile de deviner que la situation va encore s’aggraver cette année...
Dans ces conditions de travail déplorables, les enseignants sont de plus en plus désarmés pour tenter de faire réussir leurs élèves. Mais le Ministère a trouvé la "solution" : rendre quasiment impossible le redoublement en fin de 2de, ce qui permet de "fluidifier" les parcours... c’est-à-dire de rendre le passage en 1re quasi-automatique, au mépris du travail des personnels, de l’avis des conseils de classe, et... de la réussite future des élèves (mais on trouvera bien les moyens pour faire croire - à qui ? - que "tout va bien").
En lycée, comme en collège, les raisons ne manquent donc pas pour faire grève, jeudi 8 septembre !