Un CDEN inscrit sous le signe de la morosité. Notre Inspecteur d’Académie n’a pas le moral : les effectifs des collèges du Nord baissent depuis plusieurs années, nous risquons de tomber de 101000 élèves en 2002/2003, à 98600 élèves l’an prochain (encore près de 3% de baisse). Morosité surtout, parce qu’il doit nous annoncer que cela va conduire à un grand nombre de suppressions d’emplois (150 au moins d’après nos estimations) ; celles de l’IA demeurent secrètes…
Morosité encore parce que nous ne faisons plus d’heures supplémentaires. L’an dernier, grâce à ces merveilleuses heures, les 120 retraits d’emplois n’ont conduit « qu’à 60 mesures de cartes scolaires », mais maintenant, à cause de notre entêtement à ne plus vouloir en faire, il risque d’y avoir autant de mesures de carte que de retrait d’emplois… Cherchez les responsables !
Derrière ces déclarations, il faut bien sûr, voir une adéquation du discours aux mesures budgétaires attendues : le budget de l’Education Nationale est mauvais, il faudra faire des coupes claires, aux responsables locaux de faire passer la pilule…
Par exemple, il faut arrêter les mesures coûteuses : l’IA du Nord va donc donner un coup de frein sérieux aux classes spécifiques (lire : il n’y aura pas de création l’an prochain) : Classes européennes, sportives, artistiques, 3e d’insertion. L’explication est simple : « arrêtons de faire du quantitatif ; l’heure est aux bilans pour améliorer l’offre qualitative ».
Le collège est en crise, les solutions sont à inventer… en attendant, et pour nous préparer à une mise à l’écart des élèves les plus marginaux ( entendre : orientation LP fin 4e voire 5e), l’IA vise à vider doucement les SEGPA en orientant dans un premier temps les formations qualifiantes vers les LP, ce qui nous habituera à envoyer des élèves de moins de 16 ans vers les LP… Mais après avoir fermé les classes de remédiation : 6e de conso, 4e aide et soutien (souvent qualifiées par l’administration de classes ghetto), on nous prépare les 3es à projet professionnel (1/2 journée par semaine de formation en alternance). Serviront-elles à motiver vers une formation professionnelle, des élèves définitivement en échec (ce que les 3e I n’auraient pu faire) ? ou seront-elles une antichambre de relégation des élèves « insupportables » ?
L’annonce de la création de 3 ateliers relais, hors établissement scolaire, pilotés par des associations comme la Flasen, la Cemea ou les Francs et Franches Camarades, nous interpelle sur la volonté du ministère de confier à d’autres des problèmes que l’Education Nationale ne veut plus se donner les moyens de gérer.
L’Inspecteur d’Académie nous a également confirmé que les IDD seront étendus l’an prochain aux classes de 4e, leur financement restant pour l’instant, encore une zone obscure (réduction d’horaires disciplinaire ? comment vont les financer la quantité d’établissements déjà aux horaires plancher en 4e ?)
La bonne nouvelle, mais en est-ce une ? l’abandon du H/E pour le retour à la structure : la dotation ne l’établissement ne sera plus liée aux nombre d’élèves mais à un nombre de classes théorique, chaque classe recevant un certain nombre d’heures d’enseignement. Seulement face à la dotation attendue du ministère qui sera en baisse et la volonté de garder un encadrement satisfaisant aux collèges Relev et Zep, il faut s’attendre à ce que les 129 collèges « ordinaires » (sur 205) fassent les frais des restrictions budgétaires.
La délégation FSU (Snuipp et Snes) a bien sûr, fermement dénoncé les choix budgétaires du gouvernement, la déconstruction volontaire du service public d’éducation, et les arguties pseudo-pédagogiques visant à justifier, à posteriori des choix avant tout budgétaires. Pour résumer, la dichotomie actuelle est simple : tout ce qui coûte est à arrêter, tout ce qui gêne, à éliminer.
La dotation sera connue en janvier, vos représentants aux CTPD et CDEN feront parvenir dans vos établissements tous les éléments de réflexion sur les moyens de la prochaine rentrée.