« Il n’y a pas d’argent magique », combien de fois avons nous entendu cette phrase de la part de nos gouvernants pour justifier la politique d’austérité budgétaire ?
Il semblerait que, finalement, il y ait bien de l’argent magique.... oui, mais pour qui ?
Alors que le ministère a annoncé l’absence de création de postes de CPE à la rentrée 2023 pour notre académie, mesure largement dénoncée par le SNES et la FSU dans toutes les instances de dialogue social, le rectorat a annoncé aux organisations syndicales, ce jeudi 30 mars à l’occasion du CSA de proximité, la création d’un poste spécifique académie à la rentrée 2023 pour un établissement comptant 180 élèves et accueillant un public particulièrement favorisé (IPS à 149, rivalisant largement avec les IPS des établissements privés de l’académie) ainsi que la création provisoire de 18 postes fléchés uniquement pour la prise en charge et le suivi des apprentis.
Ces mesures ne sont pas sans poser de problèmes, tant sur le fond, que sur la forme :
– Sur la forme :
le poste spécifique académique est créé, faute de dotations ministérielles, sur les moyens de remplacements. La FSU a, lors du CSA qui s’est tenu ce jeudi, interrogé l’administration sur l’utilisation des moyens dédiés à la suppléance. Sans appel, l’administration a confirmé que dans notre académie nous dépassions l’enveloppe budgétaire prévue. Aussi, créer un poste à partir de cette enveloppe présenterait deux risques pour lesquels les élus de la FSU ont alerté l’administration .
Premier risque : en amputant les moyens de suppléances, l’administration prend le risque de ne plus pouvoir financer à la hauteur des besoins toutes les demandes de suppléances des CPE de l’académie. Cette situation serait inacceptable, et le SNES FSU ne manquerait pas de la dénoncer, tant elle mettrait en difficulté le fonctionnement des établissements scolaires et l’ensemble des équipes éducatives. Notons par ailleurs, que s’il y a subitement de l’« argent magique », il est dommage que l’administration n’utilise pas ces moyens pour compenser les nombreux temps partiels de la catégorie, qui -faute de compensation - pèsent sur le fonctionnement des établissements, et plus particulièrement sur les conditions et la charge de travail des collègues concernés.
Deuxième risque : que se passera t il lorsque le ministère demandera au rectorat de l’académie de Lille de rendre ces postes et ces moyens ? Des suppressions de postes dans des établissements scolaires qui pourtant ne manquent pas de besoins, avec des conséquences humaines lourdes pour les personnels concernés.
Sur ces deux points, le SNES FSU sera particulièrement vigilent, et ne manquera pas de dénoncer les conséquences de ces choix budgétaires si ces difficultés venaient à paraître.
– Sur le fond :
Le SNES et la FSU, rapidement suivis par l’ensemble des organisations syndicales, ont dénoncé le choix fait. Si le SNES FSU a toujours défendu l’idée que tous les établissements scolaires devaient être dotés d’au moins un poste de CPE, il ne peut que regretter le choix effectué par le rectorat de prioriser un établissement scolaire comptant moins de 200 élèves aux CSP particulièrement favorisées, au détriment d’autres établissements qui ne parviennent pas à assurer un suivi éducatif de qualité compte tenu de la difficulté sociale présente et des effectifs pléthoriques.
Notons que dans notre académie, un autre établissement REP, accueillant des CSP défavorisées et comptant les mêmes effectifs, ne compte que 0.5 CPE !
Où sont donc les priorités académique ? Apparemment pas vers les élèves qui en ont le plus besoins, et ce malgré les grands discours du ministre N’Daye sur la mixité scolaire….
Alerte rouge sur le métier : 18 postes provisoires fléchés sur l’apprentissage.
Contre toute attente, l’administration a présenté en séance une dotation exceptionnelle de 18 postes pour notre académie pour des établissements scolaires (LP et LEGT) disposant d’UFA, et exclusivement destinés à l’apprentissage.
Ces moyens sont apparemment répartis en fonction du nombre d’apprentis, sans distinction des apprentis du post Bac et du pré bac. Ainsi, des établissements scolaires se verront dotés d’un poste supplémentaire pour des apprentis (dont les effectifs varient entre 150 et 40 apprentis) qui ne sont présents qu’une semaine par mois dans certaines formations, quand dans d’autres établissements, les collègues assurent parfois le suivi de plus de 500 élèves.
Le SNES avec la FSU n’ont pas manqué de dénoncer en séance ces choix budgétaires et politiques qui s’inscrivent dans la continuité de la politique du Président Macron en faveur de l’apprentissage. Pour le SNES FSU, les moyens publics doivent être dédiés aux élèves sous statut scolaire, et non pas pour l’apprentissage qui se développe au bénéfice des entreprises et au détriment de la formation citoyenne , de la pédagogie, et de l’émancipation des élèves.
Outre les questions politiques, ce choix sera lourd de conséquences sur le métiers de CPE : en spécialisant des collègues sur l’apprentissage, c’est le cœur même du métier qui se trouve menacé !
Le SNES, avec la FSU, continuera de dénoncer ces choix politiques et budgétaires et continuera de militer pour la défense du métier, du service public d’Éducation Nationale, et pour une école juste et ambitieuse pour toutes et tous !